À quelques jours du marathon de Montréal, les coureurs, fébriles, mettent la touche finale à leur entraînement. Pendant des mois, ils ont couru à l'aube ou à la nuit tombée. Ils sont sortis dans la neige ou sous la pluie. Ils ont souffert tantôt de courbatures, tantôt de découragement. Ils n'ont pas lâché.

Afin de célébrer l'effort - mais aussi le plaisir de courir! -, nous avons demandé à 10 coureurs, qui participeront aux diverses épreuves du marathon, de poser pour nous. Inspirés d'une série de portraits réalisée par le photographe français Sacha Goldberger, nous les avons photographiés immédiatement après une séance de course. On a ainsi pu capter, sur le vif, ce fascinant mélange d'épuisement, de satisfaction et de bien-être que procure la course à pied.

Simon St-Germain

30 ans

Directeur de comptes publicitaires

21,1 Km

«Il y a quelques mois, j'en ai eu marre d'être obèse. J'avais de la misère à courir 3 minutes, j'étais inactif total. Je me suis mis à courir et j'ai perdu 58 livres depuis. Faire une course était un rêve, mais c'était inatteignable. Je suis maintenant en forme, je cours une heure par jour et, quand j'arrête trop longtemps, j'ai des impatiences dans les jambes. C'est un besoin. Courir 21,1 km sera pour moi le summum, un rêve concrétisé.»

Photo: André Pichette, La Presse

Simon St-Germain

Geneviève Bujold

34 ans

Interprète en langue des signes, mère de 2 enfants de 11 et 8 ans

21,1 Km

«L'an dernier, je regardais le marathon, cigarette à la main. Quand je courrai dimanche prochain, cela fera un an, jour pour jour, que j'ai cessé de fumer. J'ai fait une croix sur la cigarette pour courir. Plus je courais, moins je fumais, et ça me gonflait de fierté. Je suis devenue non fumeuse et accro à la course. Je suis sortie de ma zone de confort. Ça me donne beaucoup d'énergie, un sentiment de liberté et d'accomplissement.»

Photo: André Pichette, La Presse

Geneviève Bujold

Michel Belval, 36 ans, et Catherine, 7 ans

Spécialiste en acquisition de talents

1 Km

«Depuis que ma fille a 3 ans, nous courons le p'tit marathon (1 km) ensemble. C'est un événement annuel auquel elle tient beaucoup, déjà une tradition. Ça tisse un lien et ça incite à adopter de bonnes habitudes de vie. Donc, on s'entraîne et on court. Mes parents nous encouragent et on se réunit après pour un pique-nique familial.»

Photo: André Pichette, La Presse

Michel Belval et sa fille Catherine.

Patrick Forget

42 ans

Cadre commercial, père de 2 ados de 16 et 14 ans

21,1 Km

«À 16 ans, j'étais en pleine forme, aucune complication de santé. Je rêvais de courir un marathon et je ne l'ai pas fait. Aujourd'hui, je suis diabétique de type 1, j'ai été diagnostiqué à 25 ans, et je suis porteur d'une pompe à insuline 24heures par jour. Je cours depuis plus de deux ans. Ma condition apporte plusieurs défis à mon entraînement, ça demande plus d'ajustements des doses d'insuline selon la durée et l'intensité. Je défie le diabète. Je minimise les risques de complications futures. Plus que tout, je montre à mes filles que, dans la vie, tout est une question de volonté et d'attitude.»

Photo: André Pichette, La Presse

Patrick Forget

François Comeau

30 ans

Policier

42,2 Km

«Je cours depuis trois ans et je suis mentor bénévole pour Étudiants dans la course, qui parraine des jeunes de 16 et 17 ans issus de milieux «à risques» dans la préparation du marathon de Montréal. Je veux transmettre ma passion pour la course, en donnant de bonnes valeurs, qu'ils viennent à se dépasser eux-mêmes, à être assidus à l'entraînement, à acquérir une confiance en eux. C'est merveilleux, on voit une évolution incroyable dans l'attitude des jeunes. Ils sont plus extravertis, motivés, souriants.»

Photo: André Pichette, La Presse

François Comeau

Marielle Amiaud

43 ans

Travailleuse autonome en informatique, mère de 4 ados de 12 à 17 ans

10 Km

«J'ai longtemps eu envie de courir, mon médecin me le déconseillait en raison d'une vieille blessure au dos. Mes ados seront là pour m'encourager. J'ai quand même décidé de m'y mettre cette année, motivée par la participation de mon conjoint au marathon. Je n'ai pas plus de douleur qu'avant, peut-être même moins. Je courrai avec mes deux soeurs. Mes enfants, qui souhaitent s'inscrire l'an prochain, seront là pour nous encourager!»

Photo: André Pichette, La Presse

Marielle Amiaud

Lee Neveu

36 ans

Technicien de laboratoire, père de 2 enfants de 6 et 3 ans

21,1 Km

«Je suis père monoparental depuis un an et j'ai commencé à courir lors de ma séparation. Ça m'a servi d'exutoire, à voir plus clair et à mieux gérer le stress. Ce fut le début d'une passion fascinante et bienfaisante. J'ai fait une dizaine de courses officielles. Je cours parfois à 3h du matin pour ne pas rater un entraînement! Je veux me dépasser à tous les jours et montrer à mes enfants qu'avec de la persévérance, de la discipline, et beaucoup de travail, on peut tout réussir, dans la course comme dans la vie.»

Photo: André Pichette, La Presse

Lee Neveu

Patricia Bélanger

25 ans

Ergonome

10 Km

«Je cours d'abord pour me mettre en forme et pour me libérer l'esprit, mais chacune de mes courses officielles est dédiée à mon père, qui est malheureusement décédé du cancer il y a deux ans. Je cours donc à sa mémoire, lui qui, même dans les derniers temps, trouvait la force d'aller marcher dehors. Il est mon inspiration. J'encourage maintenant tous les gens que j'aime à bouger et à ne donner aucune chance à la maladie.»

Photo: André Pichette, La Presse

Patricia Bélanger

Bertrand Gauthier

67 ans

Écrivain jeunesse

21,1 Km

«J'ai repris la course il y a trois ans. Plus jeune, j'ai couru six marathons. C'est un plaisir avant tout, c'est important de le dire. Quand je commence à courir, les soucis disparaissent dans la sueur. Je relativise les choses, les vois moins compliquées qu'elles me semblaient avant de m'élancer. Je sens une énergie bienfaisante qui se glisse dans tout mon corps. Une chose est sûre: peu importe la vitesse à laquelle je cours, je n'arriverai jamais à distancer mon ombre. C'est quand même rassurant de savoir que si l'on se perd, notre ombre sera toujours là pour nous retrouver. Est-ce que je cours après moi-même? Peut-être bien.»

Photo: André Pichette, La Presse

Bertrand Gauthier

Jade Laveaux Charbonneau

31 ans

Chimiste

21,1 Km

«J'ai très mal digéré mes 30 ans, ce qui m'a depuis amenée à repousser mes limites: j'ai obtenu une licence de pilote privé, j'ai participé au Rallye Aïcha des gazelles, j'ai plongé avec les requins. Quel défi relever après tout ça? Sur un coup de tête, je me suis lancée dans la course. Et j'adore! Je suis déjà inscrite au demi-I ronman de Tremblant du printemps prochain. J'en ai déjà le vertige. Je cours parce que je suis privilégiée, je cours pour tous ceux qui ne le peuvent pas.»

Pour réaliser ce photoreportage, nous avons lancé un appel à tous sur LaPresse.ca. Nous avons reçu plusieurs centaines de candidatures en 48 heures. Nous remercions toutes les personnes qui ont pris le temps de nous écrire. Notre sélection a été faite selon divers critères : disponibilité, diversité et, au final, un brin de hasard. Nous remercions, bien entendu, les coureurs qui ont accepté de jouer le jeu et qui ont osé se révéler... au naturel. Nous souhaitons à tous une bonne course !

Photo: André Pichette, La Presse

Jade Laveaux Charbonneau