Le ginkgo biloba pris par des septuagénaires sous forme de complément alimentaire ne prévient pas la maladie d'Alzheimer et ne permet pas d'en freiner la progression, conclut une vaste étude dont les résultats sont publiés jeudi dans la revue britannique The Lancet Neurology.

Dans le cadre de ce premier essai de prévention réalisé en France auprès de 2854 personnes âgées de plus de 70 ans et atteintes de troubles de la mémoire, l'étude a montré que la prise quotidienne d'extrait de ginkgo biloba ne prévient pas la maladie d'Alzheimer, a déclaré le docteur Bruno Vellas, responsable du Centre de recherche sur la maladie d'Alzheimer de Toulouse, l'un des auteurs de l'étude.

Des recherches menées auprès d'animaux laissaient penser que des extraits de cet arbre originaire d'Asie pouvaient retarder les formes communes de la maladie neurodégénérative, mais les effets sur l'humain n'ont pas été démontrés jusqu'à présent.

Sur les 2854 participants de l'étude, 1406 ont reçu au moins 240 milligrammes d'extrait de ginkgo biloba chaque jour, tandis que les autres ont reçu au moins une dose de placebo, a précisé le docteur Vellas. Ces personnes ont été soumises à une batterie de tests cognitifs tous les mois, puis tous les six mois, pour certains sur une période de cinq ans.

«Dans cette grosse étude, on n'a pas démontré qu'on prévenait la maladie d'Alzheimer» grâce au ginkgo biloba, «mais chez les sujets qui en ont pris longtemps, environ quatre ans, il y a un signal qui nécessite plus d'études», a-t-il souligné.

En effet, dans cette étude, certains n'ont pris le complément que quelques jours, alors que d'autres ont suivi le traitement pendant plus de quatre ans.

Sur ces cinq ans, 61 participants du groupe ayant pris du ginkgo biloba ont été diagnostiqués comme souffrant probablement d'alzheimer, contre 73 dans le groupe placebo, mais cette différence n'est pas significative statistiquement et pourrait être attribuable au hasard, précisent les auteurs de l'étude.

L'étude a nécessité la mobilisation de 400 médecins généralistes et d'une vingtaine de centres d'étude de la mémoire, a souligné le docteur Vellas.

Mais pour certains scientifiques, cette étude démontre qu'il y a désormais assez de données pour que les personnes âgées arrêtent de prendre du ginkgo biloba inutilement.

«L'idée d'avaler une pilule ou un complément alimentaire pour empêcher la maladie d'Alzheimer est seulement un geste d'espoir», a lancé le docteur Lon Schneider, directeur d'un centre californien d'étude de la maladie, qui a rédigé un commentaire de cette étude. «Si quelque chose ne fait pas ce que vous en attendez, pourquoi continuer à en prendre?»

Pour le docteur Schneider, les gens devraient plutôt adopter les bonnes habitudes qui semblent réduire les risques de développer la maladie d'Alzheimer, comme une alimentation équilibrée, de l'exercice physique régulier et un contrôle des facteurs de risques cardiovasculaires.