Perdre du poids n'est pas une décision «anodine» et doit passer par une «prise en charge globale, personnalisée et à long terme», estime mercredi l'Agence du médicament et des produits de santé (ANSM), en France.

Dans un rapport publié alors que l'agence américaine des médicaments (FDA) vient de donner le feu vert à la commercialisation de deux médicaments anti-obésité, l'ANSM dresse un bilan des risques des produits de santé utilisés en France à des fins d'amaigrissement.

La FDA vient coup sur coup d'autoriser deux coupe-faim, le Belviq (lorcasérine) du laboratoire Arena et le Qsymia/Qnexa de Vivus (combinant la phentermine, dérivée d'amphétamine et un anti-épileptique, le topiramate).

Or, pour l'ANSM, pas de méthode «miracle» contre l'obésité, mais une «prise en charge globale, personnalisée, à long terme indispensable pour obtenir des modifications durables des habitudes diététiques, comportementales et d'activité physique, nécessaires au maintien de la perte de poids».

«Un traitement médicamenteux ne peut être envisagé qu'en cas de nécessité  médicale de perte de poids et de réponse insuffisante aux mesures diététiques et de style de vie», ajoute l'agence, tout en reconnaissant que dans une société  marquée par «une quête croissante d'amaigrissement», le désir de perdre du poids touche également 20 à 50% des femmes ayant un poids normal.

Deux médicaments à base d'orlistat, une substance qui limite l'absorption des graisses au niveau du tube digestif, sont autorisés actuellement en France, le Xenical, soumis à prescription médicale et Alli, en vente libre en pharmacie.

Mais ils ne sont pas indiqués lorsque l'indice de masse corporelle est inférieur à 28, note l'ANSM qui fait également état d'un manque d'efficacité dans 11% des cas et d'effets indésirables, essentiellement d'ordre digestif, avec plusieurs cas d'atteintes hépatites graves rapportés.

Parmi les autres risques, l'agence cite l'achat de médicaments via internet, dont la provenance et l'authenticité n'est pas garantie (selon l'OMS, 50% des médicaments circulant sur le web seraient contrefaits). Certains d'entre eux sont présentés, à tort, comme des compléments alimentaires, alors qu'ils contiennent des substances interdites en France comme la sibutramine, la phénolphtaléine ou l'Ephedra (plante contenant de l'éphédrine).

L'agence met aussi en garde contre les préparations à base de plantes, pas toujours «dénuées de risques» et cite l'exemple des extraits hydroalcooliques forts de feuille de thé vert, dont l'autorisation de mise sur le marché (AMM) a été suspendue en raison de cas d'atteinte hépatite «rares mais parfois graves».

L'ANSM avertit enfin le public et les médecins contre les risques d'une utilisation abusive et non contrôlée de médicaments hors AMM et leur demande de déclarer les effets indésirables aux réseaux nationaux de vigilance.