Plus de la moitié des cancers peuvent être évités selon des chercheurs américains qui citent le tabagisme, l'excès de poids ou le manque d'exercice ainsi que certaines politiques publiques comme des éléments néfastes, dans une étude publiée mercredi aux États-Unis.

«Nous disposons d'un nombre gigantesque de données sur les causes et la prévention du cancer», souligne le Dr Graham Colditz, épidémiologiste et professeur de médecine au Centre du cancer Siteman de la faculté de médecine de l'Université Washington (Missouri, centre).

«Il est temps de mettre en oeuvre tout ce savoir», a-t-il ajouté.

Ce médecin est l'un des principaux co-auteurs de ce rapport paru dans la revue Science Translational Medicine, publié par la revue scientifique américaine Science.

«Nous savons que le mode de vie et la société jouent un rôle déterminant dans les causes du cancer», a poursuivi ce chercheur citant la cigarette, le type de nourriture consommée et le manque d'exercice.

Ces chercheurs soulignent que le tabagisme est à lui seul responsable, pas seulement du cancer du poumon, mais d'un tiers de tous les cancers aux États-Unis.

Un poids excessif et l'obésité comptent par ailleurs pour un cinquième des cas, précisent-ils.

Mais au-delà des mauvaises habitudes de chacun, la structure de la société elle-même a une influence sur la fréquence des cancers et pourrait être modifiée pour réduire l'incidence de cette maladie, selon les auteurs de l'étude qui pointe par exemple le rôle de l'allocation des fonds de recherche et celui des subventions à certains produits alimentaires.

Ils voient plusieurs obstacles à une mise en oeuvre étendue des stratégies de prévention comme l'idée que le cancer ne peut être prévenu.

Les taux de tabagisme dans différents États prouvent pourtant que 75% des cancers du poumon aux États-Unis pourraient être évités en éliminant la cigarette.

Un autre facteur néfaste pour la prévention de cette maladie est le fait que la recherche se concentre sur des objectifs à court terme au détriment de la prévention, sous-estimée, car il faut plusieurs décennies pour produire des résultats.

Le plus souvent les fonds de recherche sont octroyés pour cinq ans ou moins, selon ces médecins.

Des stratégies telle que la vaccination contre des cancers provoqués par des virus comme le papillome humain responsable de la plupart des tumeurs du col de l'utérus est efficace chez des jeunes filles avant qu'elles ne deviennent actives sexuellement, soulignent-ils.

Ces chercheurs relèvent toutefois certains succès dans les efforts de prévention comme l'élimination relativement rapide aux États-Unis des graisses hydrogénées ou acide gras trans qui sont très nocives.

L'Institut américain du cancer (NCI) a fait part de la baisse continue du nombre de cancers du poumon dans les deux sexes qui coïncide avec la diminution du nombre de fumeurs depuis ces vingt dernières années et conforte le bien-fondé des politiques de contrôle du tabagisme.

Selon l'American Cancer Society, 1,6 million de nouveaux cancers seront diagnostiqués en 2012 aux États-Unis et près de 580 000 Américains en décéderont.

Le cancer est la deuxième cause de mortalité dans le pays après les maladies cardiovasculaires.