Une entreprise française innove avec la mise au point d'une nouvelle classe d'anti-douleurs fonctionnant sur un mécanisme naturel. Des premiers résultats publiés hier sont encourageants et laissent espérer une commercialisation à horizon 2017.

«Aucun type d'analgésique avec un tel potentiel d'efficacité n'a été mis sur le marché au cours des vingt dernières années en dépit d'une recherche particulièrement active» s'enthousiasme le Pr Bernard Roques, co-fondateur de la jeune entreprise Pharmaleads, qui conduit ces recherches.

Le principe d'action s'appuie sur les enképhalines, des «morphines internes» secrétées naturellement par le corps, sur lesquelles le Pr Roques travaille depuis plus de 30 ans.

Les enképhalines «donnent la même réponse analgésique» que la morphine, ce dérivé de l'opium bon marché abondamment utilisé dans les hôpitaux pour soulager la douleur.

Mais les enképhalines ont le désavantage d'avoir «un temps de vie extrêmement court car elles sont dégradées très rapidement par deux enzymes, les enképhalinases», explique à l'AFP le Pr Roques.

«L'idée très simple» du PL37, la molécule mis au point par Pharmaleads, «c'est d'inhiber complètement ces deux enzymes, ce qui va augmenter la concentration des enképhalines dans le corps avec un effet puissant, un temps de vie très long et une réponse de type morphinique.»

«La morphine est une substance exogène qui a le désavantage d'inonder tous les récepteurs et d'avoir des effets secondaires: sédation, constipation, dépression respiratoire en cas de surdosage et problèmes de dépendance», énumère le Pr Roques.

«Ce n'est pas le cas pour les enképhaline endogènes» d'après les résultats de deux premières études réalisées sur des sujets volontaires dans le cadre d'une phase I pour tester principalement l'innocuité et la tolérance au produit, selon ce biochimiste.