Sur les pentes de ski, Isabelle Plante, 40 ans, passe difficilement inaperçue. Son casque intégral vissé sur la tête, elle file à vive allure sur son bolide. Son look détonne, étonne. Jamais elle n'est plus heureuse que dans la poudreuse. «J'ai l'impression de flotter», dit la championne du monde de scooter alpin.

Ancienne compétitrice de vélo de montagne, Isabelle Plante a eu la piqûre du scooter alpin il y a 10 ans. Elle a appris les rudiments du sport... sur le plancher d'un entrepôt! Le distributeur qui lui a vendu son premier engin - qui se détaille à 1000$ - lui a expliqué la technique en quelques mots. «Je n'avais jamais vu personne «rider», il fallait que je me débrouille. Après quatre descentes, j'étais complètement brûlée.»

Sorte d'hybride entre la planche à neige et le BMX, le scooter alpin procure des sensations sans pareille, confie Isabelle. «On peut le faire en balade ou le pratiquer comme sport extrême, sur les rails et les modules, avec des sauts.» Son terrain de jeu préféré? Les sous-bois.

Au Québec, les adeptes de scooter alpin sont encore peu nombreux. Le sport a fait son apparition en 1997. Si la vague peine à grossir, c'est d'abord parce que les stations qui l'acceptent se comptent sur les doigts d'une main, du moins autour de Montréal. Les monts Bellevue, Sutton et Owl's Head l'autorisent. Le mont Saint-Bruno, en Montérégie, offre un accès restreint depuis la fin de la saison dernière. En Gaspésie et dans le Bas-Saint-Laurent, les stations sont plus ouvertes. Mais ailleurs, les adeptes sont encore persona non grata.

«Les propriétaires craignent pour la sécurité lors de la remontée mécanique. Le scooter est réglementaire, mais il doit passer des tests poussés pour être approuvé officiellement. Ça viendra», dit Isabelle. Elle offre des cours d'initiation au mont Bellevue. Jusqu'à maintenant, la cohabitation avec les skieurs se déroule sans heurts, souligne-t-elle. «On se fait regarder comme des extra-terrestres, mais ça se passe bien.»

Un sport casse-cou? «Pas nécessairement. Les pieds ne sont pas fixés à la planche, le contrôle est bon avec le guidon, c'est rassurant. Les chutes sont moins raides qu'en planche. On peut s'amuser sur les pistes damées.» Un plus: en moins d'une saison, on peut devenir à l'aise sur les «losanges noirs», les pistes pour experts.

De plus en plus de femmes sont adeptes de scooter alpin, mais seulement une poignée évolue au niveau élite. Au Championnat du monde, à peine une dizaine de compétitrices de la France, de la Suisse, du Japon et du Canada rivalisent dans les épreuves de slalom, descente, scootercross (4 à 6 participants prennent part à la compétition en même temps) et freestyle (sauts et figures). «Plusieurs jeunes «rident» fort, mais j'ai de l'expérience. Être l'une des plus vieilles, ça a aussi de bons côtés», confie-t-elle, en riant.

Essayer?

On s'offre un cours d'initiation au mont Bellevue ou au mont Saint-Bruno. Il est aussi possible de louer un scooter alpin au mont Sutton. Infos: maneige.com, snowscootquebec.canalblog.com, dcade.ca.