Un matin de novembre. Dehors, il pluviote, il fait froid. De toute évidence, ce crachin n'a en rien diminué la ferveur des adeptes du cours Bodypump, venus en grand nombre assister à la séance du jour. Devant l'immense glace, une vingtaine de personnes attendent impatiemment la première chanson de la routine BP 79. Une barre d'haltère repose à leurs pieds. Zoom sur une discipline qui gagne sans cesse en popularité.

Au Québec, le cours Bodypump est offert en exclusivité dans les centres Énergie Cardio depuis septembre 2011, c'est donc dire depuis quelques mois à peine. Déjà, on note un engouement exceptionnel pour un cours de groupe, remarque Jennifer Pelletier. Elle est directrice des cours de groupe de la bannière. «On a un taux de rétention de 100%. Les gens deviennent dépendants. Ils voient des résultats rapidement et ils aiment l'aspect musical.»

Énergie Cardio suit la vague Bodypump qui déferle sur la planète depuis 10 ans. Créé en 1991 par la société néozélandaise LesMills, cette méthode d'entraînement compte des millions d'adeptes sur la planète. Le cours est offert dans plus de 10 500 centres dans le monde. C'est le cours de musculation numéro un au monde, dit-on. Qu'est-ce qui explique ce succès planétaire? «Le Bodypump, c'est avant tout du plaisir et de l'adrénaline. L'uniformité de la méthode permet un contrôle de la qualité. Tous les instructeurs sont formés de la même façon, tous les cours sont présentés sur la même musique», indique Jennifer Pelletier.

Pousser de la fonte dans le fond d'un gym? Bof! Contrairement aux hommes, les femmes sont peu portées à lever des poids libres. Pas nécessairement par peur de gonfler, mais plutôt parce que l'intérêt n'y est pas. Et souvent, on ne sait pas trop quoi faire. En groupe, c'est mieux. Avec une barre d'haltère et de la musique entraînante, c'est encore plus intéressant. Le Bodypump propose des routines réglées au quart de tour: 10 chansons qui durent entre 4 et 6 minutes. Ces routines changent du tout au tout chaque trimestre.

Selon le site officiel de LesMills, on peut brûler jusqu'à 600 calories par séance. On fait de 70 à 100 répétitions par groupe de muscles, pour un total de 800 répétitions. De l'endurance musculaire purement et simplement. Ça fait mal, certes. Mais on aime. L'ensemble de nos muscles travaille bien, remarque-t-on rapidement. Les mouvements sont précis, faciles à exécuter.

Faire la planche

Quand vient le temps, en fin de séance, de faire la planche pour les muscles stabilisateurs et de faire des pompes, notre corps rechigne. Il en a assez pour la journée. D'ailleurs, il en portera les séquelles pendant quelques jours. Des courbatures bien senties.

Accessible à tous, comme on le prétend? Pas tout à fait. «Si vous n'avez jamais fait de musculation, le Bodypump n'est probablement pas indiqué, dit Chantal Daigle, coordonnatrice à la formation clinique au département de kinésiologie de l'Université de Montréal. Il faut se rappeler que l'animation de groupe n'équivaut pas à un entraînement personnalisé. Le but premier de l'instructeur est d'animer les séances, pas de corriger les mauvais mouvements, les mauvaises postures.»

Durant notre séance d'essai, on a d'ailleurs vu quelques participants adopter de mauvaises postures lors d'exercices pour les abdominaux, ne pas fléchir les genoux lors d'exercices pour les bras en position debout. D'autres avaient visiblement opté pour une charge trop lourde. «Optez pour une charge moins lourde, l'important est de bien exécuter les mouvements», a d'ailleurs conseillé l'instructeur. Mais un cours de groupe a ses limites.

Reste que, pour les sportifs déjà familiarisés avec la musculation, le cours Bodypump est une avenue intéressante. «C'est un cours qui mise sur l'endurance musculaire. On peut faire un grand nombre de répétitions en peu de temps. On n'a pas à attendre qu'une machine se libère, on n'a pas à se déplacer d'une station à l'autre, on a peu d'ajustements de charge à faire. La musique et l'ambiance de groupe peuvent être des motivateurs», dit Chantal Daigle.

De plus, l'entraînement avec poids libres est plus efficace que l'entraînement sur appareils. «On parle de musculation fonctionnelle, dit la kinésiologue. Quand on fait des squats avec la barre d'haltère, les muscles fessiers, abdominaux et des épaules et du dos sont contractés pour tenir la position, les muscles stabilisateurs sont sollicités. Avec une machine, qui propose un angle précis, moins de muscles sont appelés à travailler. On travaille moins efficacement.»

Le risque de stagner

Ceci dit, Chantal Daigle s'interroge sur le potentiel de progression. «Dans une session de plusieurs semaines, y a-t-il une variété d'exercices, une complexification des mouvements, une augmentation des charges? Si on répète toujours les mêmes exercices, on risque de stagner. Le corps s'habitue vite. Dans ce cas, on peut dire qu'on bouge, mais on ne parle plus d'entraînement.» Chez Énergie Cardio, on assure que le cours est conçu pour ne pas stagner.

La musculation prévient l'ostéoporose à long terme. «Ça permet de bâtir un capital osseux et de nous éviter des problèmes de santé dans l'avenir, dit Chantal Daigle. C'est bon pour améliorer notre autonomie, notre fonctionnalité au quotidien. Si on est devant son ordinateur à longueur de journée et que nos muscles posturaux ne sont pas assez forts, on peut développer des compensations et des problèmes chroniques tels que des tendinites, des maux de dos.»

L'endurance musculaire, qui mise sur le nombre de répétitions plus que sur la lourdeur de la charge, ne mène pas à un corps de culturiste. Les femmes en sont maintenant conscientes. Les muscles sont plus saillants, mais pas plus gros. «On peut voir des résultats à partir de trois entraînements par semaine», note Chantal Daigle. Avis aux gars: pour prendre de la masse musculaire, mieux vaut mettre vos énergies ailleurs... au fond du gym!