Le moyen dont se sert le virus de la rougeole pour se propager très rapidement par voie aérienne d'un individu à l'autre vient d'être identifié, selon des travaux rendus publics mercredi.

Cette découverte pourrait avoir des implications dans le traitement de certains cancers.

L'identification du moyen utilisé par le virus, un récepteur clé situé dans la trachée, fait l'objet d'une lettre descriptive publiée par la revue britannique scientifique Nature.

Ce récepteur, une protéine appelée nectine-4, est déjà connu pour être un biomarqueur de certains cancers comme ceux du sein, de l'ovaire ou du poumon, souligne Marc Lopez, chercheur de l'Inserm (Centre de recherche en cancérologie, Marseille, France) membre de l'équipe internationale à l'origine de ces travaux.

Le virus de la rougeole est un des pathogènes humains les plus contagieux - une personne infectée peut contaminer jusqu'à 20 personnes non protégées - et peut entraîner de graves complications, parfois mortelles. Il est transmis d'hôte à hôte principalement par voie aérienne (postillons, éternuements...).

Sa propagation rapide dans les populations à risque (non ou mal vaccinées ou n'ayant pas contractée la maladie) gêne les programmes de vaccination visant à l'éradiquer de la planète.

La rougeole est responsable de plus de 10 millions d'enfants malades et 120 000 décès par an dans le monde.

En France, on assiste à une épidémie préoccupante avec déjà 14 600 cas recensés depuis le début de l'année 2011 (contre une quarantaine/an en 2006 et 2007). On dénombre ainsi en France 1,5 million de sujets pas immunisés et donc susceptibles d'être infectés parmi les 6 à 29 ans, selon le Dr Christine Saura de l'Institut français de veille sanitaire (InVS).

«Le virus de la rougeole a développé une stratégie d'une diabolique élégance, note Roberto Cattaneo de la Mayo Clinic, responsable de l'étude.

Le virus infecte les cellules immunitaires qui patrouillent au niveau des poumons pour entrer et se propager dans l'organisme.

L'étude montre, pour la première fois, comment le virus de la rougeole «sort» de son hôte en utilisant un autre récepteur, la «nectine-4».

Or cette dernière se trouve spécifiquement dans la trachée. Ainsi, le virus émerge de son hôte infecté exactement à l'endroit nécessaire pour faciliter la contagion, relève le chercheur américain.

Une souche vaccinale modifiée (non pathogène) du virus de la rougeole fait actuellement l'objet d'essais pour traiter des cancers, notamment aux États-Unis. En effet, ce virus est capable de détruire des cellules cancéreuses.

«À présent, l'idée serait de prendre en compte la présence ou non de ce biomarqueur, la nectine-4, chez les patients pour améliorer l'efficacité de ces thérapies innovantes à base du virus modifié», explique Marc Lopez.

«Ce biomarqueur est présent dans environ 50% des cancers du sein et de l'ovaire et 80% des cancers du poumon», ajoute-t-il.