Il y a des papas poules. Des pères autoritaires. Des multipères. Et, bien sûr, des super pères. À quelques jours de la fête des Pères, 10 pères uniques en leur genre et surtout très fiers de l'être se racontent.

Le papa poule

«Je vois plus souvent la chute. C'est niaiseux, je suis nerveux!»

Francis Vilandré, 32 ans, est le père de deux, bientôt trois enfants de moins de 3 ans.

Sa paternité: «Pour mon aînée, j'ai pris huit mois de congé parental. Le deuxième, six mois. Je suis encore en congé, et ma blonde est encore enceinte! [...] J'ai été très content de rester à la maison, ça s'est super bien déroulé. Moi, j'ai un travail parce qu'il le faut bien. Mais travailler, pour moi, ce n'est pas une fin en soi. Ma priorité, c'est ma famille.»

Il assume: «Oui, c'est moi qui suis le plus inquiet. Quand on est au parc, si ma fille monte dans un jeu, je suis tout le temps derrière. J'ai peur qu'elle tombe! Et puis quand elle se fait mal, c'est moi qu'elle vient voir. Elle est très «papa», peut-être parce qu'on a passé huit mois ensemble.»

Sa plus grande fierté: «Je suis fier d'être père! Je n'ai pas besoin de plus que ça.»

Le père à temps partiel

«Je voulais que mon fils ait un père présent. Pas absent.»

Maxime Cayer, 31 ans, a la garde partagée de Marc-Olivier, 2 ans.

Sa paternité: «On est séparés depuis que mon garçon a 1 an. Mais je tenais à avoir la garde partagée. Je voulais être là pour mon garçon. Lui apporter mon côté à moi. Ce que je suis comme personne, mon histoire, ma philosophie de vie.»

Il assume: «C'est un petit gars débordant d'énergie. Ça demande beaucoup. Et je suis tout seul. Bien des fois, mon énergie baisse, c'est difficile, mais je fais de mon mieux. Et puis la garde partagée a du bon: entre deux semaines, on peut reprendre nos énergies!»

Sa plus grande fierté: «Il me ressemble. Physiquement, il me ressemble, et puis il est vivant comme je suis. Je le regarde et je me vois. C'est mon enfant. Mon gars.»

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Francis Vilandré en compagnie d'Arthur et Béatrice.

Le papa coach

«Comme père, je guide mes enfants. C'est mon rôle principal.»

Gilles Lacasse, 46 ans, est père de trois adolescents de 13, 16 et 18 ans.

Sa paternité: «J'ai coaché deux ans, et cette année, je suis gérant de l'équipe de soccer de ma fille. En fait, j'ai décidé de coacher pour me rapprocher de ma deuxième fille. Elle était beaucoup plus proche de sa mère, et à travers le soccer, on s'est rapprochés. [...] Il y a quelques semaines, mon aînée m'a appelé pour se confier quand son chum l'a laissée. Je pense que j'ai établi un bon lien de confiance avec mes enfants.»

Il assume: «Je suis propriétaire d'une auto-taxi pour les différentes activités des enfants. On habite près de la campagne, ils ont des activités très éparpillées, le soccer, le hockey pour mon fils, alors on passe beaucoup de temps sur la route! Oui, je les conduis. Spirituellement et physiquement, je guide mes enfants de toutes les façons (rires)!»

Sa plus grande fierté: «Mes enfants sont rendus adolescents, et j'ai réussi à conserver ce lien de confiance à travers leur adolescence. C'est ma plus grande réussite.»

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Gilles Lacasse avec ses trois ados: Catherine, Isabelle et Jean-Philippe

Le multipère

«J'ai quatre enfants, tous de la même maman, avec qui je suis depuis bientôt 19 ans!»

François-Hugues Liberge, 37 ans, est père de quatre enfants de moins de 8 ans.

Sa paternité: «J'essaie d'être le plus présent possible. À quatre enfants, on fait les choses en groupe. Les courses, on les fait ensemble. Le matin, pendant le biberon, les trois autres viennent se coller. Ma femme n'a pas allaité, alors je me suis toujours levé aussi souvent qu'elle. Je n'ai jamais eu à me battre pour faire ma place.»

Il assume: «Il y a des gens pour qui avoir des enfants est un grand bouleversement, mais pour nous, c'était juste une évolution. On était rendus là. C'est sûr qu'on a juste deux paires de bras, mais les deux plus vieilles grandissent. Ce sont de petites mères!»

Sa plus grande fierté: «Avoir de beaux enfants. Je vois beaucoup de gars de mon âge pour qui les enfants, c'est beaucoup trop. Moi, ça n'a jamais été ça. Je n'ai jamais eu peur des responsabilités. Je suis très heureux en famille. Avec ma gang!»

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

François-Hugues Liberge, avec dans l'ordre Laurent, Béatrice (bébé) Catherine et Anne-Frédérique

L'aspirant père au foyer

«J'aime ça! C'est plus un plaisir qu'une tâche!»

Frédéric Bataille, 31 ans, est père de trois enfants de moins de 5 ans, dont un bébé tout neuf avec qui il prévoit passer neuf mois en congé parental.

Sa paternité: «Pour notre dernier, c'est moi qui vais prendre un congé de 38 semaines. J'aime ça, m'occuper des enfants, jouer avec eux, aller au parc, c'est un plaisir. J'aimerais pouvoir passer tout mon temps avec eux, plutôt que travailler. Ce n'est pas que je déteste mon travail, mais ça me procure plus de plaisir d'être avec les enfants. J'ai toujours su que j'en voulais. C'est moi qui ai poussé pour en avoir!»

Il assume: «C'est sûr qu'il y a des amis qui trouvent ça spécial que je prenne 38 semaines. Ça dépend des cercles. Mon cercle d'amis à moi est assez ouvert à l'idée. Moi, je vais pouvoir profiter de ma famille.»

Sa plus grande fierté: «Oui, je suis plutôt fier! Je trouve ça bien de passer tout ce temps avec ses enfants!»

Photo: Marco Campanozzi, La Presse

Frédéric Bataille, père de Miro et Perrin

Le père à la rescousse

«Ma petite fille, c'était ma lueur d'espoir.»

Martin Caron, 37 ans, père d'une fillette de 4 ans. Il a failli perdre sa femme d'un cancer des ganglions.

Sa paternité: «Ça a été la fin du monde. Les chances de survie étaient de 60%. Vous vous rendez compte: j'avais 40% de chances de perdre ma femme, avec une petite fille de 3 mois à peine. Et puis 3 mois plus tard, ma femme est entrée à l'hôpital pendant 19 jours, avec interdiction de visites. Et pendant 19 jours, moi, j'ai été en permanence avec ma fille. Je me suis donné corps et âme.»

Il assume: «Je pense que ça nous a rapprochés. Elle a senti mon désarroi. Mon inquiétude. Oui, ça a été très fatigant. Ça m'a aussi fait prendre conscience de plein de choses. De mon respect pour les mères seules, notamment, qui font ça toute une vie!»

Sa plus grande fierté: «J'ai tout abandonné pour ma fille. Et ma fierté, ça a été d'entendre les gens me dire que personne d'autre n'aurait été capable de le faire aussi bien que moi. Ça a peut-être contribué à faire le père attentionné que je suis aujourd'hui.»

Photo: Érick Labbé, Le Soleil

Martin Caron et sa fille Mia

Le père adoptif

«Je voulais absolument un deuxième enfant.»

Carl Chiasson, 44 ans, est le père biologique d'un garçon de 15 ans, et adoptif d'une fillette de 8 ans.

Sa paternité: «Ça a été assez compliqué d'avoir un premier enfant. Et quand on a tenté une deuxième grossesse, ça a été échec sur échec. La fécondation in vitro n'a donné aucun résultat. Il a fallu faire un deuil, mais le deuil ne s'est jamais fait. Je voulais absolument un deuxième enfant. Je suivais des cours de kung-fu avec mon gars. Et tous les samedis matins, je voyais des petites Chinoises. C'était comme un poignard dans mon coeur. Je me disais que si, au lieu de la fécondation in vitro, on avait fait ce choix, moi aussi, j'en aurais une...»

Il assume: «Et puis on a fait le saut. On a pris une deuxième hypothèque sur la maison, et on a dit: go, on y va. Advienne que pourra. Et en un an, jour pour jour, on avait notre petite fille. Elle avait 22 mois.»

Sa plus grande fierté: «Ma fierté, c'est d'être présent. J'ai changé d'emploi deux fois pour avoir plus de temps avec mes enfants.»

Photo: Patrice Laroche, Le Soleil

Carl Chiasson et ses deux enfants Jean-Christophe et Cassandra

Le père aux études

«Je suis retourné aux études pour améliorer ma situation. Avoir de meilleures conditions de vie.»

Jonathan Lepage, 32 ans, père d'une petite fille de 20 mois, et sous peu une deuxième fois papa.

Sa paternité: «Je suis retourné aux études quand ma fille avait 1 an. C'est pas toujours facile, porter tous ces chapeaux à la fois. Pourtant, c'est agréable d'être papa, j'adore. Mais le plus difficile, ce sont les déplacements, entre la garderie, le travail, le cégep. Je suis constamment en déplacement.»

Il assume: «J'essaie de donner le plus de temps possible à ma fille et à ma conjointe. Alors, je fais mes devoirs le soir, pendant le dodo. Oui, je suis fatigué, mais c'est le lot de tous les parents!»

Sa plus grande fierté: «Voir ma fille heureuse et en santé, c'est ma paye! Être papa, c'est le plus beau métier du monde.»

Photo: Alain Roberge, La Presse

Jonathan Lepage et sa fille Clémentine

Le super papa

Jean-Patrick Balleux, 36 ans, père à temps plein de trois enfants la semaine, travailleur à temps plein les week-ends.

Sa paternité: «Quand on m'a offert un poste de week-end, je me suis tout de suite demandé comment on allait concilier travail et famille. Finalement, tout ce qu'on fait la fin de semaine, l'épicerie, le lavage, je m'en occupe la semaine. Comme ça le week-end, on n'a pas de tâches, que du bon temps. La semaine, je vais chercher les enfants à l'école, quand ma blonde arrive, le souper est prêt. Oui, pour les devoirs, je suis très autoritaire. Mais la récompense pour l'effort est là aussi.»

Il assume: «Les week-ends, je me couche tard à cause du travail, mais je m'oblige à me lever pour les enfants. Mon garçon joue au hockey l'hiver, et je suis aide-entraîneur. Je me lève pour aller sur la glace avec lui.»

Sa plus grande fierté: «Avoir eu des enfants tôt! Trop de gens que je connais attendent d'avoir une maison, un travail, deux autos. Le jour où ils en veulent, leur vie change complètement. Alors que c'est tellement le fun et moins compliqué qu'on pense, avoir des enfants!»

Photo: Jean-Pierre Boisvert, collaboration spéciale

Jean-Patrick Balleux entouré d'Ulysse, Clovis et Alizée

Le beau-père

«On a déjà eu deux fourgonnettes. Maintenant, les plus vieux ont leur auto. On a plutôt un problème de gestion de stationnement!»

Denis Chouinard est père d'une famille recomposée de cinq enfants de 17 à 23 ans.

Sa paternité: «Ma conjointe et moi sommes ensemble depuis 10 ans. On savait qu'on avait cinq enfants à deux, mais ça a été le coup de foudre. Rétrospectivement, je peux vous dire que je m'attendais à ce que ce soit plus difficile. C'est sûr, les journées sont pas mal occupées. L'horaire est chargé. À la rentrée scolaire, imaginez les listes! Juste les courses, le ravitaillement, ça coûte cher! Parce que ça mange, ça boit du vin maintenant, de la bière!»

Il assume: «Les journées sont remplies (rires)! On a pas mal de gaz, ma conjointe et moi. Mais j'ai toujours traité les enfants sur un pied d'égalité.»

Sa plus grande fierté: «Après 10 ans, on a vraiment une belle complicité.»

Note: À la suite de notre reportage pour la fête des Mères, présentant 10 mères de 10 horizons différents, plusieurs pères nous ont joints pour se porter volontaire pour la fête des Pères. D'où l'idée de reprendre le concept ici. Tous les pères qui témoignent ont répondu à un appel à tous, lancé sur le blogue La mère blogue, sur cyberpresse.ca/mere. Des dizaines d'autres auraient aimé participer. Visiblement, les pères ont le goût de se raconter! Merci donc à tous pour votre générosité.

Les pères en chiffres

75% des nouveaux pères prennent un congé de paternité;

5 semaines de congé de paternité en moyenne (maximum prévu),

14% des pères prennent trois mois de congé parental dans l'année de naissance de leur enfant,

10% des pères ont pris l'intégral du congé parental (contre 76% des mères),

5,1% des pères sont des pères monoparentaux. Parmi ceux-ci, 17% ont des enfants de 7-11 ans.

14% des familles sont recomposées,

29% des enfants de parents divorcés sont en garde partagée.

(Source: L'engagement des pères, le rapport 2007-2008 sur la situation des familles et des enfants, Conseil de la Famille et de l'enfance, juin 2008, Conseil de gestion de l'assurance parentale.)

Photo: Hugo-Sébastien Aubert, La Presse

Denis Chouinard et sa tribu: Jean-Christophe et Annie-Claude (en haut), Valérie, Sylvie (sa conjointe), Catherine et Antoine (en bas)