Des dizaines de millions de personnes n'ont pas accès aux médicaments peu dispendieux qui leur permettraient de combattre efficacement leur douleur, a déploré jeudi l'organisme new-yorkais de défense des droits de la personne Human Rights Watch (HRW).

Le document de 128 pages rendu public par HRW dénonce «l'inhabilité» de plusieurs gouvernements à garantir l'accès aux soins palliatifs aux patients souffrant de la douleur intense qui peut accompagner le sida, le cancer et d'autres maladies graves.

Conséquemment, dit l'organisme, des dizaines de millions de personnes vivent et meurent dans une «agonie intense» qui pourrait facilement leur être évitée.Des experts estiment qu'environ 60 pour cent des gens qui meurent chaque année dans des pays peu ou moyennement développés - soit environ 33 millions de personnes - auraient besoin de soins palliatifs. Dans ces pays, les patients ne sont habituellement diagnostiqués qu'une fois la maladie fort avancée, quand ils ne peuvent plus être guéris et que les soins palliatifs représentent leur seul espoir.HRW a déterminé que dans 35 des 192 pays étudiés, moins de 1 pour cent des patients souffrant d'une douleur modérée ou aiguë accompagnant le sida ou le cancer avaient accès aux médicaments antidouleur dont ils avaient besoin. Ces pays se retrouvent surtout en Afrique subsaharienne, mais certains sont aussi en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Amérique centrale.

L'accès aux médicaments antidouleur demeure très limité dans les pays les plus peuplés, a constaté HRW. Au moins 100 000 personnes meurent du cancer ou du sida chaque année sans avoir profité d'une gestion appropriée de leur douleur dans des pays comme la Chine, l'Inde, l'Indonésie, le Nigeria, la Russie et l'Afrique du Sud.HRW déplore notamment l'absence, dans ces pays, d'une politique nationale des soins palliatifs, un manque de formation des travailleurs de la santé et les restrictions qui pèsent parfois sur la prescription de médicaments comme la morphine.L'organisme souligne toutefois que des pays comme la Colombie, la Jordanie, la Roumanie, l'Ouganda et le Vietnam ont mis en place des réformes d'envergure pour améliorer l'accès aux soins palliatifs. Les dirigeants de ces pays ont collaboré avec la communauté médicale et la société civile pour identifier et abolir les obstacles à l'accès aux soins palliatifs.