La grippe continue de se répandre au pays de façon plus importante et précoce que lors des dernières années, selon l'Agence de la santé publique du Canada. Et les prochains jours seront cruciaux: si le nombre de cas de grippe diminue, c'est que le pic de l'épidémie sera passé. Mais si le nombre de cas continue d'augmenter, la crise ne sera pas terminée et les urgences continueront d'être très sollicitées.

Au cours des dernières années, à Laval, on confirmait en moyenne 205 cas de grippe annuellement. «Cette année, on a déjà confirmé 169 cas, et l'année se termine en août!» illustre la porte-parole de la Direction de la santé publique de Laval, Martine Caza-Lenghan.

La semaine dernière seulement, il y a eu 80 tests positifs de grippe à Laval. «Cette semaine, on parle de 40 cas, dit Mme Caza-Lenghan. C'est beaucoup parce que, habituellement, on atteint un maximum de 40 durant le pic de la grippe saisonnière.»

Et ces cas confirmés ne sont que la pointe de l'iceberg. Dans les faits, bien plus de gens ont contracté le virus de l'influenza. En effet, contrairement à l'année dernière, où la pandémie de grippe A (H1N1) avait entraîné le dépistage systématique de tous les cas de grippe au Québec, cette année, seuls quelques hôpitaux doivent signaler les cas au Laboratoire de santé publique du Québec. Savoir combien de personnes ont actuellement la grippe est donc impossible.

Selon Michel Couillard, directeur adjoint de l'unité d'analyse et d'expertise du Laboratoire de santé publique du Québec, des 2800 échantillons analysés la semaine dernière par les 44 hôpitaux sentinelles du Québec, 706 cas (donc 25%) étaient positifs (645 la semaine précédente), principalement dans la région de Montréal et Laval. La Montérégie et la Capitale-Nationale sont plutôt épargnées par la maladie. «Généralement, on atteint le haut du pic épidémique quand on atteint 20% et plus de cas positifs. Les données de la semaine prochaine seront importantes pour déterminer si le pic est terminé ou s'il se poursuit», explique M. Couillard, qui analyse les apparitions d'influenza depuis des années et qui se dit toujours surpris par le côté imprévisible du virus.

À Montréal, une quinzaine d'éclosions de grippe sont actuellement en cours. «Et chaque éclosion touche entre 3 et 25 personnes, explique la responsable des maladies transmissibles à la Direction de la santé publique de Montréal, la Dre Alexandra Kossowski. Depuis trois semaines, l'activité grippale est très forte.»

La Dre Kossowski attend elle aussi impatiemment les prochaines données sur l'influenza. «La situation n'est pas encore catastrophique, mais on ne sait pas comment l'épidémie va se développer. Les prochaines données vont nous éclairer là-dessus», dit-elle.