Des médecins allemands font état d'une avancée dans le domaine des implants électroniques rétiniens destinés à rétablir une perception visuelle chez des patients devenus aveugles en raison d'une maladie héréditaire de la rétine, selon une étude publiée mercredi dans une revue savante britannique.

Les trois patients équipés de ce nouveau dispositif, parfois surnommé rétine artificielle, ont été capables de reconnaître des formes et des objets et l'un d'eux a pu se déplacer seul dans une pièce, approcher une personne, lire la position des aiguilles d'une horloge, reconnaître des lettres et s'en servir pour former des mots et même distinguer sept nuances de gris.

Ce dispositif, qui contrairement à d'autres ne nécessite pas de caméra externe, représente une réelle avancée dans le domaine des prothèses électroniques visuelles, souligne l'académie des sciences britannique, la Royal Society, en publiant ces travaux dans l'une de ses revues.

Il pourrait à terme transformer complètement la vie des 200.000 personnes devenues aveugles dans le monde, en raison d'une dégénérescence héréditaire de la rétine appelée rétinite pigmentaire, ajoute l'académie britannique.

La rétine comporte des photorécepteurs, des cellules qui absorbent la lumière, transforment le signal lumineux en signal électrique transmis au cerveau par l'intermédiaire du nerf optique.

L'implant vise à remplacer ces cellules (cônes et bâtonnets) peu à peu détruites dans la rétinite pigmentaire.

La publication résume les résultats concernant trois des patients (2 hommes et 1 femme âgés de 40, 44 et 38 ans) non-voyants traités, qui avaient perdu leur faculté de lire au moins 5 ans avant l'implant.

Cette étude pilote apporte de «solides preuves que les fonctions visuelles de patients rendus aveugles par une pathologie rétinienne héréditaire, peuvent, en principe, être restaurées à un degré suffisant pour la vie quotidienne», selon le professeur Eberhart Zrenner de l'institut de recherche ophtalmologique de l'université de Tuebingen (Allemagne), responsable de l'étude.

Une étude multi-centres en Europe sur 25 patients, avec une version améliorée de la puce, débute à présent, selon les chercheurs.

Contrairement aux premiers modèles expérimentaux d'implants, ce nouveau prototype, placé sous la rétine, n'oblige pas au port d'une caméra externe, fixée sur des lunettes, et reliée à un microprocesseur.

Il utilise en quelque sorte la voie naturelle en captant directement la lumière à travers l'oeil et atteint un plus grand degré de précision.

Cet implant électronique sous-rétinien, fabriqué par l'entreprise allemande Retina Implant AG, comporte 1500 diodes sensibles à la lumière, amplificateurs et électrodes, placés sur une puce qui transforme une image en impulsions électriques transmises au cerveau.

À travers le nerf optique, le cerveau reçoit ainsi l'équivalent d'une image de 1500 pixels.

Mais ces prothèses rétiniennes ne s'adressent pas à des aveugles de naissance, ni à ceux dont le nerf optique est détruit ou encore dont la dégénérescence rétinienne est trop avancée.