Les poppers, substances inhalées pour leurs effets euphorisants, seraient à l'origine de pertes visuelles prolongées mais réversibles, selon les observations d'une équipe Inserm de l'hôpital des Quinze-Vingts (Paris) publiées jeudi dans The New England Journal of Medicine.

L'équipe de Michel Paques a décrit ces symptômes chez quatre patients : peu de temps après l'inhalation des poppers, ils ont ressenti une baisse de leur vision accompagnée d'éblouissements.

L'examen par imagerie de la rétine à haute définition a révélé une dégradation des cellules photoréceptrices permettant de capter la lumière, au centre de la macula (zone de la rétine responsable de la vision la plus fine).

Les symptômes persistent de plusieurs semaines à plusieurs mois, selon les médecins, qui ont depuis poursuivi leurs observations sur une dizaine d'autres patients.

Composés de nitrites d'alkyle, les poppers se présentent sous la forme de liquides très volatils contenus dans des petites fioles. Ces substances produisent des vapeurs d'oxyde nitrique (NO) que les usagers inhalent pour leurs effets euphorisants. L'usage des poppers entraîne une dilatation des vaisseaux. Ils sont également utilisés pour optimiser les performances sexuelles.

En cause dans les pertes visuelles : le NO issu d'un composé de la famille des nitrites d'alkyle appelé «nitrite d'isopropyle» détecté par les chercheurs dans les vapeurs.

«Le phénomène serait réversible car même après plusieurs années d'intoxication, des améliorations ont été observées après l'interruption de la prise», explique le Pr Paques.

Les chercheurs estiment que leurs observations «seront utiles pour mieux comprendre le rôle du NO dans le fonctionnement de la rétine, car nous produisons tous naturellement du NO».

Les usages les plus fréquents des poppers concernent la population homosexuelle masculine fréquentant des lieux de rencontres festives ou sexuelles.

Les poppers contenant des nitrites de pentyle ou de butyle sont interdits à la vente en France depuis 1990. Quelques poppers à base de nitrites d'amyle ou de propyle sont encore disponibles dans certains établissements (sex-shops, clubs et bars gays) et par internet.

Un décret de novembre 2007 avait pour objectif d'élargir le cadre de l'interdiction en incluant les nitrites d'amyle ou de propyle. Ce décret a été annulé en Conseil d'Etat le 15 mai 2009.