Alors que le ministère de la Santé a confirmé vendredi la validité des chiffres dont La Presse a fait état hier au sujet du nombre de cadres dans le réseau, le ministre Yves Bolduc a tenu hier à apporter des précisions.

«Il y a 53 000 personnes qui donnent des soins qui n'ont pas été comptabilisées. Dans notre réseau, il y a un cadre pour environ 15 travailleurs de la santé. Et ce ratio est stable depuis cinq ans», a déclaré M. Bolduc.

Les données que La Presse a publiées hier ont été compilées par la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ). Elles révèlent que, depuis 2000, le personnel administratif a crû de près de 52% et les cadres de 30% dans le réseau de la santé québécois.

Pendant ce temps, le personnel soignant n'a augmenté que de 6%. Selon les données de la FMSQ, le réseau compterait actuellement 100 000 cadres et membres du personnel administratif pour 108 000 employés qui soignent les patients.

Le ministre Bolduc ne comprend pas pourquoi son ministère a confirmé ces chiffres vendredi. «Oui, il y a plus de cadres qu'avant. Mais il y a plus de personnel de soins aussi. Donc, le ratio est le même», assure M. Bolduc.

L'Association québécoise d'établissements de santé et de services sociaux (AQESSS) est du même avis. La directrice générale de l'AQESSS, Lise Denis, explique que la FMSQ n'a pas compté les 55 000 personnes qui occupent des fonctions cliniques - travailleurs sociaux, sages-femmes, physiothérapeutes, psychologues, etc. -, ce qui fausse les données.

De la poudre aux yeux

Pour les partis de l'opposition, les précisions du ministre Bolduc ne sont que de la poudre aux yeux. «Depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux, le nombre de cadres a augmenté d'au moins 20%. Très clairement, le réseau est surencadré. Au lieu de diriger l'argent vers les soins à la population, on gère plus. C'est un échec total», commente la porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Agnès Maltais.

Le chef de l'Action démocratique du Québec, Gérard Deltell, estime que l'augmentation du nombre de cadres dans le réseau est «une expansion sans fin»: «On met plus d'argent dans les structures que dans les soins. On a déjà appris que le dédoublement des structures entre les agences de la santé et le ministère de la Santé coûte 600 millions de trop chaque année. Ce sont les Québécois qui paient pour ça!»

Dominique Verreault, présidente de l'Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux, croit elle aussi que «le système de santé souffre de gestionnite aiguë»: «Si les cadres se multiplient, les listes d'attente aussi. Il est urgent de mettre plus de ressources dans les soins aux patients plutôt que dans les étages supérieurs.»