Une nouvelle étude confirme que la puberté commence de plus en plus tôt chez les fillettes. Beaucoup plus tôt qu'il y a 10 ans - dans certains cas, dès l'âge de 7 ou 8 ans. Et le phénomène semble encore plus marqué chez les filles qui font de l'embonpoint.

Les résultats de l'étude américaine, publiés lundi dans le journal Pediatrics, soulèvent des inquiétudes sur le risque accru de cancer du sein à cause du développement précoce des glandes. Du même coup, on rappelle qu'une puberté précoce peut accentuer les problèmes d'amour-propre et d'image de soi, tout cela dans une période de la vie où la pression sexuelle est forte chez les filles et où les risques de souffrir de troubles alimentaires sont élevés, écrivent les chercheurs des États-Unis.

Afin de parvenir à ces conclusions, les chercheurs, dirigés par le réputé Dr Frank M. Biro, ont suivi 1239 petites filles de 6 à 8 ans dans les régions de New York, Cincinnati et San Francisco. Premier constat: 15% d'entre elles avaient commencé à avoir des seins à l'âge de 7 ans, un pourcentage qui grimpe à 27% (soit plus d'une fillette sur quatre) à l'âge de 8 ans.

Les chercheurs constatent aussi une nette différence dans le développement des seins selon l'ethnie. Chez les fillettes blanches, 10% ont montré des signes de puberté de stade 2 (avancé) à l'âge de 7 ans, comparativement à 15% des Latino-Américaines et 23% des Afro-Américaines. Comme pour les filles souffrant d'embonpoint, les chercheurs avancent que le taux d'hormones sexuelles serait un facteur déterminant dans le début de la puberté.

Pas une première

Ce n'est pas la première fois qu'une étude démontre que la puberté commence de plus en plus tôt. En 1997, une étude auprès de 17 077 fillettes avait signalé cette tendance, mais elle n'avait pas fait l'unanimité dans le milieu pédiatrique. Plus récemment, une étude menée auprès de 11 551 filles de 6 à 8 ans a émis l'hypothèse que les produits chimiques qu'on trouve dans les emballages alimentaires, le vernis à ongles et certains shampoings ont une influence directe sur le déclenchement précoce de la puberté.

«Contrairement à l'étude de 1997, celle-ci est très sérieuse. On ne s'est pas contenté de considérer les seins, estime la Dre Franziska Baltzer, pédiatre à l'Hôpital de Montréal pour enfants. Ce qui est intéressant, c'est qu'on va continuer de suivre ces fillettes pour savoir quand leur cycle menstruel se déclenchera. À ce sujet, il faut se rappeler qu'on ne grandit presque plus après le début des menstruations. Est-ce à dire que la prochaine génération de filles sera de plus petite taille?»

Les études précédentes ne se sont en effet pas penchées sur l'âge du début des règles. Normalement, les menstruations commencent environ deux ans après l'apparition des seins. Ce qui signifie, en clair, que des fillettes pourraient avoir leurs menstruations dès l'âge de 10 ans, alors que le déclenchement survient généralement vers 12 ou 13 ans.

«Si c'est le cas, il faudra se pencher sur l'impact de cette puberté hâtive sur la densité osseuse, sur les cas d'ostéoporose et sur le début de la ménopause, ajoute la Dre Baltzer. Mais, précise-t-elle, cette étude a été conduite sur des jeunes Américaines. Il faudrait réaliser la même recherche au Canada, et même comparer l'est avec l'ouest du pays, où il y a une forte population d'Asiatiques.»

Chez les garçons, l'âge de la puberté n'a pas varié au fil des ans, ont démontré d'autres études. Elle commence en général entre 12 et 18 ans et s'échelonne sur une période variable selon les individus. Chez les filles, la puberté dure trois ans en moyenne.

Coauteure de l'étude, la Dre Susan Pinney précise que le pire, pour une fillette, serait que tous ces changements corporels «surviennent sans que personne autour n'en parle». En conséquence, a-t-elle ajouté, il est urgent de les instruire à ce sujet.