Un gel microbicide permet aux femmes de réduire de moitié leur risque d'infection au VIH, ont dévoilé lundi des chercheurs sud-africains à la conférence internationale sur le sida à Vienne. C'est la première solution de rechange au préservatif, dont l'utilisation est parfois problématique dans les pays patriarcaux parce que les hommes refusent de s'en servir.

La conférence a aussi été marquée par l'annonce d'une stratégie agressive de l'Organisation mondiale de la santé, qui vise à réduire de 20% la mortalité du sida d'ici 2015 en traitant plus tôt la maladie. Mais ces annonces encourageantes ont été minées par un débat sur le financement des programmes antisida.

Le président de la Société internationale du sida, le Canadien Julio Montaner, a critiqué en plénière les pays du G8 parce qu'ils n'ont pas assuré le financement de ces programmes à la récente réunion de Toronto. Médecins sans frontière a reproché par communiqué aux pays riches de «dire à leurs patients de revenir se faire soigner à l'approche de la mort».

De leur côté, le fondateur de Microsoft, Bill Gates, dont la fondation humanitaire finance les programmes antisida, ainsi que l'ex-président américain Bill Clinton ont appelé à une meilleure efficacité financière des programmes dans leurs interventions de lundi à Vienne. Bill Gates a rejeté les appels à l'établissement d'une taxe sur les transactions financières pour ce financement et a suggéré que les coûts de traitement par patient pourraient être coupés de moitié avec une «optimisation. M. Clinton a avancé que «beaucoup trop d'argent va à trop de gens qui vont à trop de réunions, qui prennent trop d'avions pour faire trop d'aide technique». Le mois dernier, la Grande-Bretagne a demandé à l'organisme de l'ONU chargé de la lutte contre le sida de prouver que le financement était efficace, selon la BBC.

L'OMS veut de son côté remonter de 200 à 350 cellules CD4 par microlitre de sang le seuil de début de traitement. Il s'agit d'une mesure de la force du système immunitaire, dont le taux normal va de 1000 à 1500. Un tel changement augmenterait de 50% le nombre de personnes devant recevoir le traitement, mais permettrait de réduire la mortalité mondiale de 20% d'ici 2015. Des spécialistes occidentaux suggèrent que le seuil devrait être de 500 cellules CD4 dans les pays riches, ce qui pose le problème de recommandations à deux vitesses.

Mais comme seulement 40% des 10 millions de personnes qui devraient actuellement recevoir le traitement sont réellement traitées, le manque de financement est d'autant plus criant. Seul point encourageant, le nombre de personnes traitées a augmenté plus rapidement que jamais auparavant, passant de 4 à 5,2 millions depuis 2008.

Les annonces sur la prévention ont suscité moins de controverse. L'étude sud-africaine sur le gel microbicide, publiée dans la revue Science, a permis de diminuer de 9,1% à 5,6% par année le risque d'infection chez les 900 femmes participant à l'étude. Il s'agirait d'un moyen plus pratique pour les femmes des pays où les hommes sont réticents à accepter le préservatif.

Une autre étude, faite au Malawi, a permis de constater que le paiement d'allocations familiales aux parents d'adolescentes pauvres retardait l'âge de leur première relation sexuelle et diminuait le nombre de leurs partenaires.