Malgré d'importantes avancées dans la prévention et les traitements, le cancer est en passe de devenir la première cause de mortalité au monde du fait du vieillissement de la population et d'habitudes de consommation néfastes, ont estimé des experts mardi.

Aux États-Unis, campagnes de prévention et succès médicaux ont permis de réduire le taux de mortalité par cancer de 16% en vingt ans, a affirmé Susan Gapstur, de l'American Cancer Society en présentant mardi une édition spéciale du Journal of the American Medical Association (JAMA) sur le cancer.Mais la maladie demeure la deuxième cause de décès aux États-Unis où l'année passée, 560 000 personnes sont mortes des suites d'un cancer sur les quelque 1,5 million de cas diagnostiqués.

«Des progrès remarquables» ont été faits dans le traitement des cancers infantiles et d'autres cancers atteignant la prostate, les testicules, les seins ou le côlon, ont noté les chercheurs, ajoutant toutefois que certains cancers, comme ceux du pancréas, du foie, des ovaires, du cerveau et des poumons «demeuraient hautement mortels et ne répondaient pas aux thérapies actuelles».

En outre, avec l'allongement de l'espérance de vie au cours des dernières décennies, s'accroît le risque de se faire diagnostiquer un cancer.

Près d'un homme sur deux et d'une femme sur trois seront porteurs d'un cancer au cours de leur vie, affirme la revue. La moitié de ces cas seront mortels.

Mais beaucoup de formes de cancer pourraient être évitées par une meilleure hygiène de vie, notent les chercheurs, soulignant par exemple que le cancer du poumon «était une maladie rarissime au début du XXe siècle», avant que ne se répande l'usage massif de la cigarette.

Le cancer du poumon est devenu la forme la plus commune de cancer aux États-Unis dès les années 1970 alors que les dangers du tabac n'étaient pas aussi bien connus qu'aujourd'hui.

«En 1910, moins de 5000 patients par an contractaient un cancer du poumon. Maintenant, il faut compter avec 200.000 patients par an», a indiqué à l'AFP Robert Timmerman, auteur d'une étude sur le traitement des tumeurs par radiation dans les cas non-opérables.

Arrêter de fumer paraît être une des meilleures façons de réduire le risque du cancer du poumon mais peu de patients y parviennent, certains même après avoir été diagnostiqués avec un cancer, assure encore ce médecin.

«On pourrait penser qu'une des plus fortes motivations pour arrêter de fumer serait la menace de la mort par cancer, mais en fait moins de 50% des patients arrêtent de fumer, même après un diagnostic positif», affirme M. Timmerman.

Depuis 1990, où il avait atteint un pic, le taux de cancers du poumon a toutefois reculé aux États-Unis.

De nouveaux cas de cancers sont également générés par l'obésité et le surpoids. «Les estimations actuelles affirment que deux tiers des Américains sont obèses ou en surpoids et nous savons maintenant que ces conditions favorisent de nombreux types de cancers», a indiqué Mme Gapstur.

«Eviter le surpoids et l'obésité vont être des facteurs cruciaux dans la bataille contre le cancer», a ajouté ce médecin.

Chaque année, quelque 100 000 cas de cancers peuvent être attribués au surpoids.

Catherine DeAngelis, rédactrice en chef de JAMÀ et praticienne, s'est par ailleurs inquiétée des effets inattendus de certains progrès médicaux, comme le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV). «Je crains que certains ne prennent ce vaccin pour une cure contre le cancer et que des femmes vaccinées renoncent aux traditionnels tests de Papanicolaou (Pap)», un bon outil pour détecter les cancers de l'utérus, a affirmé la rédactrice en chef de JAMA.