Les micro-organismes qui permettent de digérer les aliments peuvent aussi pousser le corps à accumuler les kilos en cas de mauvaise régulation, affirme une étude publiée dans le journal Science, suggérant que la consommation excessive de calories n'est pas seule en cause.

Si le mauvais type de bactéries présentes dans la flore intestinale prend le dessus, cela peut causer une inflammation qui provoque un état pré-diabétique et augmente l'appétit, indique cette étude publiée jeudi.

«On a longtemps considéré que l'épidémie d'obésité dans les pays développés était causée par un mode de vie de plus en plus sédentaire et l'abondance de nourriture hautement calorique à bas coût», a expliqué le principal auteur de l'étude Andrew Gewirtz de la Emory University School of Medicine dans l'Etat américain de Géorgie.

«Mais, les résultats de notre étude suggèrent qu'un excès de consommation de calories n'est pas seulement le résultat d'une alimentation excessive, mais que les bactéries intestinales contribuent à modifier l'appétit et le métabolisme», a-t-il ajouté.

M. Gewirtz et ses collègues ont étudié des souris génétiquement modifiées de façon à être privées d'une protéine immunitaire clé, la TLR5, qui aide les cellules à détecter la présence de bactéries.

«Cette protéine joue le rôle du commissariat du quartier sur la flore intestinale», a-t-il expliqué à l'AFP.

«Elle sait quelle bactérie elle doit surveiller et elle sait comment ne pas se montrer trop sévère de façon à ne pas nuire aux bonnes bactéries», a-t-il ajouté au cours d'un entretien téléphonique.

Le système immunitaire peut continuer à réguler les bactéries sans TLR5, mais avec une moins grande efficacité. La composition de la flore change alors, une inflammation débute et les récepteurs à insuline perdent leur sensibilité.

Les souris soumises à ce traitement ont mangé environ 10% d'aliments en plus et ont fini par atteindre un poids 20% supérieur à celui de leurs congénères.

Les humains ont une flore intestinale relativement stable, présente dès la naissance, mais certaines études ont montré que la flore initiale subissait des modifications en raison des progrès sanitaires et de l'usage répandu des antibiotiques.

«Cela suggère qu'une partie de l'épidémie d'obésité et des symptômes métaboliques peut découler de conditions environnementales qui affectent la flore intestinale au début de la vie», a expliqué M. Gewirtz.

Le chercheur suggère que ces modifications pourront sans doute un jour être contrecarrées en donnant aux bébés les bonnes bactéries avant que les mauvaises ne s'installent.