L'administration par voie nasale d'une hormone, l'ocytocine, connue pour son rôle dans l'attachement maternel et le lien social, améliore le comportement social de patients autistes, selon une étude française.

L'étude, une des premières à démontrer un effet thérapeutique potentiel de cette hormone sur les déficiences sociales dans l'autisme, est publiée lundi dans les comptes-rendus de l'académie des sciences américaine.

L'ocytocine est une hormone qui favorise l'accouchement et la lactation, et joue un rôle dans le lien social et les comportements émotionnels.

Selon de précédentes études, le taux sanguin de cette hormone est bas chez les patients atteints d'autisme, maladie marquée par des difficultés à communiquer avec l'entourage et à développer des liens sociaux.

L'équipe d'Angela Sirigu du Centre de neuroscience cognitive (CNRS) à Lyon (France), en collaboration avec le Dr Marion Leboyer (Inserm, hôpital Chenevier, Créteil, près de Paris) a testé l'hormone sur 13 patients souffrant d'autisme de haut niveau ou du syndrome d'Asperger. Ces sujets ont des aptitudes intellectuelles normales, mais n'arrivent pas à s'engager spontanément dans des situations sociales. Par exemple, lors d'une conversation, ils évitent de croiser le regard de l'autre.

Une adaptation au contexte social

Les patients ont été observés pendant des jeux de balle et soumis à des tests visuels de reconnaissance sur des photos de visages exprimant différents sentiments.

Sous placebo, les patients renvoyaient la balle indistinctement à leur trois partenaires. Au contraire, les patients traités tenant compte des différences entre les partenaires, renvoyaient la balle au plus coopérant.

Lors des tests visuels, les patients sous placebo regardent la bouche ou en dehors de la photo. Mais après avoir inhalé de l'ocytocine, ils ont un degré d'attention plus élevé aux stimuli faciaux: ils regardent les visages photographiés et plus souvent les yeux.

Les résultats des tests montrent que l'administration d'ocytocine permet aux patients autistes de s'adapter au contexte social en identifiant des comportements différents parmi les membres de l'entourage et d'agir en conséquence en montrant plus de confiance envers les individus les plus coopérants. L'ocytocine diminue également la peur des autres et favorise le rapprochement social, ajoutent les chercheurs.

La poursuite des travaux portera sur les effets à long terme de l'hormone, sur l'amélioration des troubles de la vie quotidienne des patients autistes et son efficacité à un stade précoce de la maladie.