Il est inconcevable que les femmes enceintes de la Haute-Gaspésie doivent se déplacer constamment à Matane parce qu'elles n'ont pas accès à des services près de chez elles, reconnaît le ministre de la Santé, Yves Bolduc.

La Presse a publié hier un reportage sur la réalité des femmes enceintes de la région de Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, qui se retrouvent sans médecins accoucheurs.

 

Certaines doivent parcourir plus de 2000 km durant leur grossesse pour se rendre à leurs rendez-vous de suivi, en plus de devoir accoucher à Matane.

Cette situation risque d'entraîner des complications graves, tant pour les mères que pour les bébés, craignent des médecins. D'ailleurs, une femme enceinte s'est endormie au volant en se rendant à l'un de ses rendez-vous, provoquant une collision frontale. Heureusement, elle s'en est tirée indemne, tout comme son bébé.

«On trouve inconcevable qu'elles doivent faire des milliers de kilomètres pour avoir des services alors qu'il y a beaucoup de services qui pourraient être donnés localement», a reconnu hier le ministre Bolduc, en réponse à une interpellation au cours de la période de questions à l'Assemblée nationale.

Au printemps, le ministre avait déclaré qu'il était «acceptable» que les femmes enceintes doivent se rendre accoucher à Matane.

Médecins demandés

L'Agence de santé et de services sociaux de la Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine prépare actuellement un avis destiné au ministre concernant une éventuelle réouverture du service d'obstétrique et de gynécologie de l'hôpital de Sainte-Anne-des-Monts.

Mais pour cela, il faut d'abord trouver des omnipraticiens en mesure de pratiquer des accouchements, des chirurgiens et des anesthésistes.

«Nous sommes en mode solution», a tout de même affirmé la porte-parole du ministère de la Santé, Dominique Breton.

De son côté, le député péquiste de l'endroit, Pascal Bérubé, maintient la pression sur le gouvernement afin de ramener les soins dans la région. Un regroupement de plusieurs centaines de personnes a d'ailleurs été créé sur Facebook pour «sauver le service d'obstétrique de Sainte-Anne-des-Monts».

«On se retrouve dans une situation incroyable, déclare M. Bérubé. En tout temps, dans la MRC, il devrait y avoir un point de chute qui est l'hôpital des Monts (à Sainte-Anne-des-Monts) où on assure les soins de base.»

Le suivi abandonné

Que les femmes doivent accoucher à Matane, c'est une chose. Mais qu'aucun médecin ne soit en mesure d'assurer les suivis de grossesse en Haute-Gaspésie, c'est tout à fait déplorable, a dénoncé la porte-parole de l'Association des médecins en périnatalité du Québec, la Dre Andrée Garon.

«C'est vraiment déplorable que les médecins aient même abandonné le suivi de grossesse», lance-t-elle en entrevue à La Presse.

La spécialité de la gynécologie-obstétrique connaît des temps difficiles. Il manque du personnel dans les hôpitaux, sans compter les médecins et les sages-femmes. «Malheureusement, les régions plus éloignées et les petits centres paient la facture», déplore la Dre Garon.

Elle constate d'ailleurs qu'un fossé sépare les «beaux discours entourant la politique de la périnatalité au Québec et la réalité sur le terrain». Les femmes de la Haute-Gaspésie, mais aussi d'autres régions éloignées comme la Côte-Nord, en savent quelque chose.