«Dieu tout-puissant planta tout d'abord un jardin. Et, vraiment, c'est le plus pur des plaisirs humains.»

C'est de Francis Bacon, philosophe anglais.

S'enfouir les mains dans la terre, préparer les plates-bandes et entretenir le potager a, semble-t-il, des effets thérapeutiques. Des chercheurs avancent maintenant que les bénéfices pour la santé seraient encore plus importants que l'on croyait. La responsable? Une mycobactérie nommée Mycobacterium vaccae.

Cette mycobactérie, présente dans le plus commun des jardins, stimulerait le système immunitaire humain, selon des chercheurs en neurosciences de l'Université de Bristol, en Angleterre (2007). La M. vaccae augmenterait aussi le taux de sérotonine dans le cerveau des souris. Elle agirait sur la cognition, la régulation de l'humeur et aiderait à mieux gérer le stress et l'anxiété.

 

«Globalement, les effets ne sont pas différents de ceux des antidépresseurs comme le Prozac», a déclaré le chercheur Christopher Lowry au magazine Psychology Today. Le Prozac fait partie des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), qui augmentent le taux de sérotonine dans le cerveau. Les mécanismes qui sous-tendent les effets de la M. vaccae sont toutefois inconnus.

Peu importe, le plaisir de jardiner est indéniable. Selon l'Enquête québécoise sur les activités physiques, sportives et de loisirs (2006), le jardinage arrive au troisième rang des activités physiques les plus populaires chez les Québécois, après la marche et le vélo. Grosso modo, un adulte sur deux manie la pelle et le râteau.

«Jardiner est d'abord bénéfique parce que les gens bougent», indique Sophie Paquin, urbaniste à la Direction de la santé publique de Montréal. Même la proximité des espaces verts aurait un effet bénéfique pour la santé. «Chez les personnes de 50 ans et plus, la proximité d'un parc incite au transport récréatif. Elles marchent davantage ou font du vélo, c'est prouvé», souligne Stéphane Perron, médecin-conseil à la Direction de la santé publique de Montréal.

Des chercheurs américains ont remarqué que, après une opération, les patients qui ont une chambre avec vue sur des arbres passent moins de temps à l'hôpital et demandent moins d'antidouleurs que ceux qui ont vue sur un mur de briques. Selon des psychologues de la Rutgers University, des fleurs près du lit ou à l'extérieur favoriseraient l'émergence d'émotions positives et augmenteraient le sentiment de satisfaction face à la vie.

«Même si on suppose que les espaces verts ont des effets intangibles sur la santé mentale, il faut prendre ces résultats avec un grain de sel, précise le Dr Perron. Il existe très peu d'études rigoureuses sur le sujet. On parle d'associations plus que d'effets démontrés.»