Les femmes sont moins vulnérables à la listériose que les hommes, à cause d'un effet protecteur des oestrogènes, selon une nouvelle étude montréalaise. Ce mécanisme de protection apparaît notamment pour les femmes enceintes, dont le bébé est particulièrement vulnérable à la bactérie responsable de cette maladie.

«Les femmes en général sont plus résistantes aux infections que les hommes», explique Maya Saleh, microbiologiste à l'Université McGill, qui est l'auteure principale de l'étude parue dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences. «Nous avons identifié un mécanisme impliqué dans cette protection.»

 

La chercheuse de McGill a travaillé sur une mutation génétique présente dans 20% des personnes d'origine africaine, qui rend plus vulnérable à la listériose. À l'aide d'une souris génétiquement modifiée qui exprimait ce gène, elle a démontré que l'hormone oestrogène, impliquée dans le cycle menstruel, empêche cette mutation de fonctionner. Cela protège donc les femmes porteuses de la mutation.

«Nous ne connaissons pas pour le moment de mutations similaires pour d'autres populations, par exemple celle du Québec, dit Mme Saleh. Mais on peut penser qu'elles existent. Nous allons continuer à travailler sur des mutations similaires.»

Moins vulnérables mais plus à risque

Cela ne signifie pas que les femmes sont moins touchées par la listériose. Au contraire: comme les foetus et les bébés sont particulièrement sensibles, les femmes enceintes représentent le tiers des cas aux États-Unis et sont 20 fois plus à risque d'attraper la maladie après avoir mangé de la nourriture contaminée; et les personnes âgées, majoritairement des femmes, sont plus vulnérables parce que leur système immunitaire est affaibli.

Lors de la crise de la listériose de l'été dernier, causée par un problème à une usine de Maple Leaf, les deux tiers des 41 victimes ontariennes étaient des femmes, et 90% avaient plus de 65 ans. Or, près de 60% des Ontariens âgés de plus de 65 ans sont des femmes.

Cette protection contre les infections comme la listériose a aussi un prix: le système immunitaire des femmes fonctionne parfois si bien qu'il s'emballe. «Les femmes sont plus prédisposées à des maladies auto-immunitaires», note Mme Saleh.

Selon l'Association américaine des maladies auto-immunitaires, les femmes ont 2 fois plus de risques de souffrir de la sclérose en plaques, 2,5 fois plus de risques de développer l'arthrite, et 9 fois plus de risques d'être affectées par le lupus.