Une commission d'experts nommée par le gouvernement américain recommande de généraliser le dépistage de la dépression chez les adolescents, une maladie qui touche près de deux millions d'entre eux aux États-Unis.

Selon les spécialistes, dont les recommandations publiées dans l'édition d'avril de la revue médicale «Pediatrics» vont plus loin que celles de l'académie américaine de pédiatrie, la plupart de ces jeunes ne sont pas diagnostiqués, et par conséquent non traités.

Aux États-Unis, on estime que 6% des adolescents présentent des signes cliniques de dépression, parmi lesquels des troubles du sommeil, de l'appétit, tristesse et angoisse chroniques, isolement, problèmes scolaires, idées suicidaires et passage à l'acte. Une étude récente montre cependant qu'un questionnaire détaillé, mais simple, permet de diagnostiquer une dépression avec précision lors d'une prise en charge initiale, notamment dans un cabinet de pédiatrie.

La commission insiste sur la nécessité de dépister au plus tôt les symptômes, soulignant qu'un suivi des jeunes patients, notamment par une psychothérapie, permet une évolution favorable. Certains praticiens recommandent de ne surveiller que les adolescents à haut risques.

Mais du fait de la fréquence de la dépression, «vous allez passer à côte de beaucoup d'entre eux, si vous vous limitez aux jeunes à risque», estime Ned Calonge, président de la Commission et médecin-chef du service de santé publique et d'environnement du Colorado.

La Commission, souligne-t-il, ne veut pas que ses recommandations débouchent sur le seul traitement par médicaments, notamment les antidépresseurs qui peuvent dans certains cas renforcer les idées suicidaires. Le dépistage systématique de la dépression ne peut être fait, que si une psychothérapie est, elle aussi, facilement accessible. Il ajoute qu'une surveillance annuelle devrait probablement être suffisante.

Les recommandations arrivent à un moment crucial pour le traitement de la dépression ou pour celui d'autres problèmes de santé mentale chez les enfants. La législation en cours devrait inciter beaucoup plus d'adultes et d'enfants à chercher des soins en santé mentale. Et ce, en dépit du manque de psychiatres spécialisés dans le traitement des enfants et des adolescents.

Un rapport indépendant, publié lui aussi lundi dans le journal Pediatrics estime que les soins de première intention notamment par les pédiatres et les médecins de famille devraient tenir une plus grande place dans les soins en santé mentale. D'autant plus que pour certains médecins, lorsque les enfants connaissent bien les médecins, ils se sentent moins stigmatisés.

Si la plupart des pédiatres ne sont pas formés à la psychothérapie, ils peuvent prescrire un traitement contre la dépression et suivre les patients qu'ils ont adressés à d'autres thérapeutes.