Les asticots aussi efficaces pour guérir les ulcères aux jambes que le traitement standard: c'est la conclusion surprenante, bien que peu ragoûtante, d'une étude britannique qui réhabilite un traitement traditionnel revenant aujourd'hui en force.

Entre 2004 et 2007, des chercheurs de l'Université de York en Grande-Bretagne ont étudié 267 patients souffrant d'ulcères aux jambes, répartis en deux groupes, le premier traité avec le gel habituellement utilisé, le second avec des asticots.

Les asticots, approximativement de la taille d'un grain de riz et élevés en milieu stérile, sont glissés dans un sachet de thé ou placés directement en pansement au contact de la plaie, serrés dans des bandages. Les patients traités aux asticots ont guéri aussi rapidement que ceux ayant utilisé le gel, bien qu'ayant un peu plus souffert.

Cette étude, ainsi qu'une seconde étude selon laquelle les asticots sont aussi rentables que le gel, sont publiées vendredi dans le BMJ, anciennement British Medical Journal.

La thérapie par les asticots revient aujourd'hui en force, utile notamment pour combattre les bactéries résistantes aux antibiotiques.

«Les asticots marchent vraiment, mais ce n'est pas le traitement standard dans les pays développés», explique le Dr Harold Brem, spécialiste des ulcérations au Centre médical Langone, Université de New York. «Si vous êtes dans un coin perdu, et que vous n'avez pas accès à un chirurgien ou à de bons soins médicaux, alors les asticots peuvent représenter une alternative».

Les auteurs de l'étude ont constaté que les asticots grignotaient les tissus en décomposition plus vite que le gel, sans accélérer pour autant la guérison. Les effets secondaires étaient aussi importants dans les deux groupes, touchant environ 14% des patients. En revanche les malades soignés aux asticots se sont plaints d'avoir plus mal.

Pour Nicky Cullum, un des auteurs de l'article et professeur à l'Université de York, la douleur pourrait être liée aux enzymes sécrétées par les asticots, qui auraient pu toucher les terminaisons nerveuses.

«La douleur n'a rien à voir avec le fait que les asticots mangent du tissu mort. Il n'y a pas de morsure avec des grandes dents ou quoi que ce soit de ce genre», a-t-il souligné.

S'il ne s'attend pas à ce que les asticots redeviennent le traitement standard pour ces plaies, Nicky Cullum a souligné combien cette étude prouvait que les asticots sont véritablement une alternative.

Le docteur Brem, lui, n'est pas surpris que des médecins et patients aient recours aux asticots, notant qu'il «s'agit de patients prêts à tout, menacés de perdre leur jambe».

Le recours aux asticots était autrefois très répandu. En Europe occidentale, on aurait commencé à les utiliser au XIVe siècle pour nettoyer les plaies, et les médecins militaires y avaient régulièrement recours au XVIIIe siècle. Les asticots ont été utilisés dans le traitement des plaies jusque dans les années 30 du XXe siècle, avant d'être abandonnés quand les antibiotiques et la chirurgie sont devenus disponibles dans le monde entier après la Seconde guerre mondiale.