Pas facile d'écraser, vous diront les fumeurs. Même s'ils savent très bien que le tabac est hautement dommageable pour leur santé, ils s'accrochent coûte que coûte à leur paquet de cigarettes. Savent-ils que le tabac pourrait avoir la peau de Minou? Voilà qui pourrait les aider à faire une croix sur la cigarette.

Une fois conscients du tort infligé à leur petit compagnon, des fumeurs propriétaires d'un animal de compagnie se disent prêts à tenter d'écraser, selon un sondage américain, publié en février dans la revue scientifique Tobacco Control. Les animaux de compagnie souffriraient de divers maux liés à la cigarette, comme les troubles pulmonaires et le cancer.

Les chercheurs du Henry Ford Health System au Michigan ont interviewé 3293 adultes propriétaires d'animaux de compagnie, dont 21 % étaient fumeurs et 27 % non-fumeurs cohabitant avec au moins un fumeur. En moyenne, les fumeurs brûlaient 13,5 cigarettes par jour, dont 6,4 à l'intérieur de leur maison.

Plus du quart des fumeurs (28,4 %) ont dit que, sachant qu'ils mettaient la santé de leur animal en danger, ils tenteraient de cesser de fumer. Un sur trois comptait même arrêter dans les 30 prochains jours! Parmi les fumeurs, 19 % ont dit qu'ils interdiraient désormais de fumer à l'intérieur de la maison. Quarante pour cent ont dit être intéressés à recevoir de l'information sur le tabac et les modes de cessation. Chez les non-fumeurs qui cohabitent avec un fumeur, 16,4 % ont dit qu'ils demanderaient à ce dernier d'écraser.

« Les animaux de compagnie occupent une place importante dans notre vie, c'est encore plus vrai pour les personnes qui vivent seules. C'est assurément une motivation supplémentaire pour arrêter de fumer », indique Mario Bujold, directeur du Conseil québécois sur le tabac et la santé. Aux États-Unis, 63 % des ménages ont un animal domestique.

Les jeunes fumeurs seraient particulièrement touchés par les risques du tabac sur la santé de leur animal. « Ils se sentent invincibles et ne vont pas écraser pour leur propre santé, mais plutôt pour celle de leurs proches, indique Mario Bujold. Cela comprend leur animal, auquel ils sont très attachés. »

« Parce qu'ils se lèchent beaucoup, les chats courraient davantage de risques, selon des études. Ils ingèrent les particules présentes dans leur fourrure », explique-t-il.

« Il y a potentiellement un lien entre la fumée secondaire et la formation de tumeurs nasales et pulmonaires chez le chien. Il y a aussi un lien possible entre la fumée et certaines tumeurs orales chez le chat, note Marie-Ève Nadeau, professeure adjointe à la Faculté de médecine vétérinaire de l'Université de Montréal et spécialiste en oncologie. Cela dit, aucune étude épidémiologique n'a confirmé ce lien hors de tout doute. C'est possible, mais il faut nuancer. »

Selon les chercheurs américains, d'autres études sont nécessaires pour déterminer si les réponses au sondage se refléteront dans la réalité. « Des campagnes de sensibilisation axées sur les risques du tabac pour les animaux pourraient inciter des fumeurs à abandonner la cigarette ou à faire de leur maison un endroit sans fumée », écrivent les chercheurs. Une campagne anti-tabac chez le vétérinaire ? Pourquoi pas !