Les six plus gros fabricants américains de biberons vont cesser de vendre aux Etats-Unis des produits contenant du bisphénol A, un composé chimique que des études ont lié à des problèmes de développement du cerveau des nouveau-nés, selon un communiqué.

Cette décision a été annoncée jeudi soir par l'Attorney General (ministre de la Justice) de l'Etat du Connecticut (nord-est), Richard Blumenthal.Ce dernier, avec ses homologues des Etats du New Jersey et du Delaware, avaient écrit en octobre 2008 à ces industriels pour leur demander de volontairement renoncer à utiliser du bisphénol A (BPA) dans la fabrication des biberons.

«Les six principaux fabricants de biberons - Avent, Disney First Years, Gerber, Dr. Brown, Plaxtex et Evenflow - ont accepté de volontairement bannir le BPA de leurs biberons ce qui constitue une victoire majeure pour la santé publique», écrit M. Blumenthal dans un communiqué.

«Des indications scientifiques grandissantes montrent que même de faibles quantités de BPA sont néfastes aux systèmes reproductif, neurologique et immunitaire», poursuit-il.

Le communiqué ne précise pas si les fabricants vont cesser d'exporter des biberons contenant du BPA.

L'étude la plus probante avait été publiée en 2008 par des toxicologues des Instituts nationaux de la santé (NIH) qui avaient fait valoir que cette substance utilisée dans la fabrication de nombreux récipients peut avoir des effets néfastes sur le développement du cerveau des foetus et des nouveau-nés.

Depuis une dizaine d'années, plusieurs études ont établi un lien entre le BPA à de faibles concentrations et un ensemble de problèmes de santé graves, dont des cancers de la prostate et du sein, l'obésité et le diabète.

«Un renoncement volontaire au BPA dans la fabrication des biberons est une bonne chose mais n'est pas suffisant et devrait conduire à une interdiction totale de ce produit», estime le ministre de la Justice du Connecticut.

L'an dernier, une recherche de la faculté de médecine de Yale (Connecticut) a montré une relation entre le BPA et des anomalies de fonctionnement du cerveau chez des singes.

L'agence américaine des médicaments (FDA) et son homologue européenne (EFSA) ont déclaré la BPA sans danger pour la santé humaine aux niveaux détectés.

Le gouvernement canadien a été le premier pays en 2008 à interdire l'utilisation du BPA dans la fabrication des biberons.

L'American Chemistry Council (ACC), représentant des industries chimiques, a réitéré vendredi sa position selon laquelle ses membres se conforment aux directives de la FDA.

Un rapport d'experts indépendants américains consulté par la FDA rendu public en septembre 2008 conclut que l'agence des médicaments et des produits alimentaires a ignoré certaines données scientifiques et a eu recours à des méthodes inadéquates pour parvenir à cette conclusion.

La FDA se voit aussi reprocher de ne pas tenir compte de certaines études liant le BPA au cancer de la prostate et au diabète.

Les Centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC) estiment que 93% des Américains ont des traces détectables de BPA dans leur urine.

Le BPA est un composé chimique qui sert à diluer la résine de polyester pour la rendre liquide et faciliter son laminage.