Les femmes ménopausées et les médecins ne doivent plus craindre l'hormonothérapie. La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) a publié hier ses nouvelles directives cliniques sur la ménopause. Selon la SOGC, les traitements hormonaux pris durant moins de cinq ans sont inoffensifs et peuvent au contraire aider les femmes à se débarrasser de symptômes gênants, comme les bouffées de chaleur.

En publiant ces directives, la SOGC a voulu faire taire la croyance voulant que les hormones augmentent les risques de cancers du sein et de maladies cardiovasculaires chez les femmes ménopausées.

 

En 2001, une étude menée aux États-Unis avait montré qu'après quatre ans d'hormonothérapie, les cancers du sein augmentaient de 26% chez les femmes ménopausées. À la suite de la publication de cette étude, plus de 50% des Américaines avaient cessé leur traitement.

La SOGC a analysé les données disponibles pour savoir si les traitements hormonaux sont si nocifs. «Nous avons remarqué que l'étude de 2001 avait été menée sur des femmes surtout âgées de 60 à 70 ans. L'âge moyen était bien trop élevé! Surtout quand on sait que l'âge est le principal facteur de risque pour le cancer du sein et les maladies cardiovasculaires», explique le directeur de la division d'endocrinologie de la reproduction et infertilité, à l'Université Queen's, le Dr Robert Reid.

«On a mis les femmes devant des craintes exagérées. Les femmes ont eu peur», affirme le professeur d'obstétrique et de gynécologie à l'Université Laval, le Dr Michel Fortier.

Selon la SOGC, les femmes ménopausées qui veulent éviter les symptômes incommodants devraient tout d'abord changer leurs habitudes de vie. Contrôler son poids, son tabagisme et son niveau d'exercice est essentiel.

Le Dr Reid reconnaît toutefois que cette méthode n'est bénéfique que pour les femmes souffrant de symptômes moyens. Pour celles ayant des symptômes forts, «l'hormonothérapie prise à court terme est une option sûre et viable», dit le Dr Reid.

De 85% à 95% des femmes voient leurs symptômes réduits avec l'hormonothérapie. Les risques de fractures liées à l'ostéoporose de même que les risques de souffrir d'assèchement vaginal diminuent également.

Si l'hormonothérapie dure moins de cinq ans, les risques sur la santé sont nuls, estime la SOGC. Si le traitement dure plus de cinq ans, les femmes voient leurs risques de contracter le cancer du sein augmenter légèrement. «Le risque devient aussi grand que pour les femmes qui sont obèses ou qui fument», dit le Dr Reid.

Risque accru chez les femmes ayant accouché après l'âge de 30 ans

Selon lui, on devrait bien plus s'inquiéter du fait que les mères sont de plus en plus vieilles. Des études ont prouvé que les mères ayant eu leur première grossesse après l'âge de 30 ans sont plus susceptibles de souffrir d'un cancer du sein. Le tiers des cancers du sein pourraient être éliminés si ces facteurs étaient contrôlés.

Quant aux effets de l'hormonothérapie sur les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux, la SOGC estime qu'ils sont nuls. On sait toutefois que les hormones augmentent légèrement les risques de caillots dans les jambes. «Mais dans ce cas, l'âge est un facteur de risque bien plus important que les hormones», dit le Dr Fortier.

Quant à l'effet des hormones sur la mémoire, les études sont contradictoires. Selon le Dr Fortier, seules les femmes plus jeunes verront leur mémoire s'améliorer avec les traitements. «Mais on ne peut quand même pas recommander l'hormonothérapie pour traiter la maladie d'Alzheimer», dit le Dr Fortier.