Insomnie, rapetissement, risques de fracture, bouffées de chaleur: le vieillissement apporte son lot de misères aux femmes, mais pour nombre de médecins une bonne hygiène de vie permet de les affronter avant de se tourner vers des traitements rarement exempts d'effets secondaires.

Une étude publiée le mois dernier dans la revue médicale britannique The Lancet montre qu'en Europe, où l'espérance de vie est de 78 ans pour les hommes et 83 ans chez les femmes, la bonne santé qui permet de tout faire s'arrête en moyenne à 67 ans pour les hommes et 69 ans pour les femmes.La ménopause (caractérisée par un arrêt des règles pendant 12 mois) intervient en moyenne à 51,3 ans en France, où 10 millions de femmes sont ménopausées. Mais chaque femme a «de belles années» devant elle, a affirmé lors d'un séminaire le gynécologue et psychiatre Sylvain Mimoun.

Pourtant, le panorama n'est pas très optimiste. Il y a les bouffées de chaleur qui accompagnent dans 82% des cas la cessation des règles, les troubles du sommeil qui touchent 34% des femmes ménopausées, l'ostéoporose et ses fractures, les pertes urinaires...

«Quand je vois arriver une femme de plus de 50 ans dans mon cabinet, je lui pose tout un tas de questions», dit le Dr Jean-Paul Duplan, généraliste en Essonne : risques cardio-vasculaires (ils augmentent), dépistage des cancers du sein ou digestifs (en cas d'antécédents), recherche d'incontinence, ostéoporose... Parce qu'on peut atténuer, voire prévenir ces maux de l'âge, dit-il.

Avant l'ostéoporose, il y a la banale «ostéopénie», une baisse de la densité de la masse osseuse qui touche plus d'une femme sur deux. À ce stade, selon le Dr Duplan, produits riches en calcium (laitages, certaines eaux, des légumes verts) et soleil permettent de limiter les risques. Pas d'excès en café, sel, alcool, tabac.

Il recommande aussi 30 minutes de marche rapide ou de course quotidienne, parce que les sports «qui obligent à porter son corps» sont plus efficaces. La musculation est bonne aussi.

Si on laisse filer, l'ostéopénie débouche sur une ostéoporose, qui touche une femme sur trois (un homme sur 12) et entraîne un risque de fractures. La réduction de la taille peut atteindre 20 cm.

La ménopause, qui diminue la sécrétion d'estrogène et de progestérone, implique aussi des bouffées de chaleur, dont souffrent 82% des femmes pendant 3 ou 4 ans.

Le traitement hormonal substitutif (THS) réglait aussi bien l'ostéoporose que les bouffées de chaleur, mais sa prescription a connu un coup de frein après 2002-2003, des études évoquant un lien avec le cancer du sein. Les traitements à base d'isoflavones de soja ont été aussi contestés. On parle aujourd'hui de houblon, de lin et de sésame.

La ménopause entraîne aussi chez 34% des femmes des troubles du sommeil, dus notamment à une baisse de production de mélatonine, une hormone qui facilite le sommeil.

La France est championne d'Europe de la consommation d'hypnotiques : 3 millions de personnes prennent un somnifère, neuf fois plus qu'en Allemagne, et il y a 32% de consommateurs chez les plus de 75 ans. Mais ces médications ne sont pas exemptes d'effets secondaires dans la journée, tels qu'altération de la mémoire, manque de concentration, chutes.

Mieux vaut essayer d'éliminer les causes : changer son matelas, supprimer les siestes de plus de 25 minutes, ne pas rester trop longtemps au lit...

Et en tout état de cause, il faut de l'activité physique. Comme le dit le Dr Mimoun, à 50 ans, c'est «immédiatement payant».