En 2001, le film d'animation Monsters, Inc. proposait une explication originale des cauchemars: il s'agissait de monstres bel et bien réels qui vivaient dans une autre dimension et convertissaient la frayeur des enfants en énergie. Celle-ci servait ensuite à alimenter en électricité la ville des monstres.

Même si l'époque des oracles et de leurs rêves prémonitoires est révolue, la fonction des rêves est encore mal connue. Quatre grandes hypothèses existent à ce sujet, selon Antonio Zadra, spécialiste montréalais de la question.

 

«Certains pensent qu'ils n'ont aucune fonction spécifique, que c'est simplement un épiphénomène accompagnant le sommeil paradoxal, qui seul aurait une fonction précise.» Ce serait l'équivalent du blanchiment des cheveux: les personnes âgées ne tirent aucun avantage à avoir des cheveux blancs plutôt que noirs, c'est simplement une conséquence du vieillissement du corps.

D'autres chercheurs pensent que le sommeil possède des fonctions biologiques ou psychologiques indépendantes. «Selon cette hypothèse, le rêve va nous aider à acquérir un meilleur équilibre psychologique, soit en travaillant les souvenirs et les émotions importantes, soit en modulant les processus affectifs.» La psychanalyse, qui voit dans les rêves un instrument pour pénétrer les émotions et besoins inconscients, fait partie de cette catégorie.

Une troisième avenue consiste à donner au rêve des fonctions qui varient selon différents facteurs, par exemple l'âge. «Les rêves seraient ainsi comparables à la vie, dont on ne peut identifier une fonction unique: des fois, la vie sert à interagir avec autrui, d'autres fois à se reproduire sexuellement et aussi, à simplement jouir de certains aspects comme la nourriture, la beauté. Les fonctions du rêve pourraient aller jusqu'à la consolidation des connaissances acquises durant la journée. On sait que le sommeil est important sur le plan cognitif, mais il semble que pour la mémorisation de séquences d'information, le rêve joue un rôle indépendant.»

Le dernier modèle considère le rêve avec la lorgnette de l'évolution. «L'idée est que dans le milieu ancestral, aux temps préhistoriques, il y avait énormément de menaces dans l'environnement, des animaux hostiles, le froid dont il était difficile de se protéger. Les humains auraient acquis la capacité de rêver pour pratiquer la manière de faire face à ces menaces. Ça expliquerait pourquoi les rêves sont plus souvent négatifs que positifs.»