On comprend encore mal la douleur, chronique ou pas. Trouver un traitement efficace peut être un vrai casse-tête. Du sexe aux jeux vidéo en passant par la médication, il existe une panoplie de moyens pour atténuer la souffrance, voire l'enrayer. Ça vaut la peine d'essayer, non?

Une dose de réalité virtuelle S.V.P.

Selon des études cliniques menées à l'Université de Washington de 2000 à 2005, la douleur des enfants grièvement brûlés diminue de 30% à 50% lorsqu'ils participent à un jeu de réalité virtuelle avec casque pendant que l'on change leurs pansements. Le programme Snow World, qui met en scène des bonhommes de neige, est maintenant utilisé dans plusieurs centres. Avis aux intéressés, le Nintendo aurait un effet similaire à plus petite échelle.

 

Pas ce soir, chérie...

Vous avez mal à la tête? Faites l'amour! Les rapports sexuels seraient un bon antidote au mal de tête, suggèrent des chercheurs de la Rutgers University, au New Jersey. L'orgasme aurait le même effet que deux aspirines. Pendant l'amour, le cerveau produit des endorphines, opiacés naturels, qui ont un effet relaxant et analgésique.

Un bain de soleil

Après une intervention chirurgicale, les patients consomment moins d'analgésiques lorsqu'ils récupèrent dans une chambre ensoleillée. En 2003, une expérience menée auprès de 89 patients ayant subi une opération à la moelle épinière au Centre hospitalier de l'Université de Pittsburgh l'a démontré. Dans les cinq premiers jours, les patients installés dans les chambres ensoleillées ont eu recours à 22% moins d'analgésiques que ceux dans les chambres ombragées. L'effet était encore plus prononcé chez les jeunes patients.

Miroir, miroir

Le cerveau garde en mémoire la trace de la douleur, une empreinte neurophysiologique. La thérapie par le miroir tente d'effacer cette trace. Comment? On demande au patient de cacher son membre douloureux derrière un jeu de miroirs, tandis qu'il regarde son membre sain s'agiter dans la glace. Le cerveau est confondu, prenant le membre douloureux pour le membre sain. La douleur finit par disparaître. Étonnant.

Jazz ou opéra?

Selon les résultats d'une étude publiée dans le Journal of Advanced Nursing en 2006, la musique allégerait les maux des personnes souffrant de douleur chronique depuis plus de six ans. Des patients atteints d'arthrite et de problèmes à la colonne vertébrale ont écouté leur musique favorite ou une musique de relaxation pendant une semaine, à raison d'une heure par jour. Le résultat? Une diminution de la douleur jusqu'à 21%. Une baisse de la détresse jusqu'à 25%.

Un pas après l'autre

La marche permet de diminuer la douleur du bas du dos, selon une étude américaine publiée dans l'American Journal of Public Health en 2005. Les patients d'un deuxième groupe, qui devaient effectuer des exercices sollicitant le bas du dos, ont plutôt vu leur douleur augmenter. Effectuaient-ils ces exercices de façon inadéquate? C'est ce que les chercheurs croient. «La pire chose à faire, c'est de rester au lit», insiste Manon Choinière, chercheuse à l'Institut de cardiologie de Montréal et au département d'anesthésiologie de la faculté de médecine de l'Université de Montréal.

Le Qi Gong soulage

Selon une étude menée par le Pain Management Center de Newark, au New Jersey, le Qi Gong serait particulièrement efficace auprès de gens souffrant d'une douleur chronique locale liée au système nerveux. Cette pratique traditionnelle chinoise proche du taï chi est accompagnée d'exercices de respiration, de méditation et de visualisation. Après six séances d'entraînement, 91% des sujets ont observé une diminution de leur douleur. Même dans le groupe contrôle (où il y avait simulation de Qi Gong), 36% présentaient moins de douleur.

La grenouille miracle?

En 2005, le marché des antidouleurs était estimé à 50 milliards de dollars. En 2015, on prévoit des revenus de 105 milliards. «Souvent, la pharmacologie ne suffit pas. Le patient doit aussi apprendre à gérer sa douleur autrement. Il doit adopter de bonnes habitudes de vie, avoir un bon sommeil et une bonne alimentation», indique Serge Marchand, titulaire de la Chaire conjointe de physiopathologie de la douleur de l'Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue et de l'Université de Sherbrooke.

Pour l'instant, les analgésiques opioïdes, cannabinoïdes, antiépileptiques et antidépresseurs sont parmi les médicaments les plus connus pour soulager la douleur. «On les utilise maintenant en combinaison, on arrive à atténuer les effets secondaires», souligne la Dre Choinière.

Une nouveauté? L'Actualité médicale nous apprend qu'une grenouille arboricole sud-américaine sécrète de l'épibatidine pour se défendre, un produit chimique 200 fois plus puissant que la morphine. Un dérivé de l'épibatidine fait actuellement l'objet d'une étude sur l'homme. À suivre.  

Bientôt mieux outillés

«Une récente étude montre que les vétérinaires reçoivent trois fois plus de formation sur la douleur que les médecins», déplore Jacques Laliberté, de l'Association québécoise de la douleur chronique. Plus rapidement est traitée la douleur, moins les risques qu'elle devienne chronique sont élevés. Pourtant, les médecins sont souvent pris au dépourvu.

La Faculté de médecine de l'Université de Montréal fait un premier pas: dès janvier, les heures de cours sur la douleur seront augmentées.

Pour accélérer les choses, des chercheurs des universités de Montréal, Sherbrooke et McGill passent à l'action. Pour rendre les soins plus accessibles et mieux adaptés, ils viennent de créer une alliance communautaire avec des cliniciens, des gestionnaires de la santé et l'AQDC.

Mardi dernier, ils ont lancé le programme ACCORD pour faciliter le transfert de connaissances et mener des études sur l'efficacité des services actuels. En attendant, les listes d'attente des cliniques spécialisées en douleur continuent de s'allonger...