Avez-vous déjà cogné des clous au volant? Pour se réveiller, on baisse les vitres, on augmente le volume de la radio, on roule moins vite... et bang! Sur les routes du Québec, un accident mortel sur cinq est causé par la fatigue au volant. Détrompez-vous, ça ne concerne pas que les camionneurs.

«On sous-estime les effets de la fatigue. Elle peut être aussi dangereuse que l'alcool au volant, indique Paul Gobeil, psychologue à la Société de l'assurance automobile du Québec. Le niveau de fatigue est problématique à partir du moment où il compromet la capacité du conducteur de réaliser des tâches qui nécessitent l'attention, le jugement et les réflexes.»

 

Saviez-vous que les risques de s'endormir au volant sont plus élevés la nuit, de 2h à 6h, mais aussi l'après-midi, de 13h à 16h? Près des deux tiers des accidents ont lieu durant ces creux circadiens, après le lunch ou au milieu de la nuit, indiquent les rapports des coroners du Québec (de 2003 à 2007).

«En après-midi, on peut sentir une baisse de vigilance liée à l'horloge interne. Notre métabolisme ralentit. La nuit, c'est encore plus marqué», indique Paul Gobeil.

Personnes à risques

Outre les conducteurs de poids lourds, les travailleurs aux horaires irréguliers, les hommes de 25 ans et moins et les personnes souffrant de troubles du sommeil sont particulièrement à risques. En décembre 2005, un Canadien sur cinq disait avoir somnolé au volant au moins une fois dans les six mois précédents, selon la Fondation de recherche sur les blessures de la route.

«C'est un problème criant, on doit s'en préoccuper.»

Des signes à reconnaître? On bâille fréquemment, on cesse de regarder dans ses miroirs, on roule à une vitesse inconstante, on manque une sortie, on change de voie involontairement, on hallucine.

«Quand on cogne des clous, c'est que notre état de fatigue est avancé. Malheureusement, plus on est fatigué, plus on sous-estime notre niveau de fatigue», souligne le psychologue.

Deux policiers sur trois, au Québec, disent avoir déjà arrêté une personne fatiguée en croyant qu'il y avait abus d'alcool. La SAAQ a mis sur pied une Table sur la sécurité routière qui déposera ses recommandations sur la fatigue au volant au printemps.

«Pour être cohérent, il faudrait d'abord éviter de fermer les haltes routières», déplore Paul Gobeil.

À suivre.