Le populaire animateur de radio Roch Denis s'est longtemps cru invincible. Jusqu'au jour où l'épuisement professionnel l'a gagné, suivi d'une grave dépression. Pendant deux ans, l'homme a été incapable de marcher tellement il était épuisé. Aujourd'hui, il va mieux. Mais il souhaite sensibiliser la population aux symptômes du burnout pour éviter que d'autres personnes ne vivent pareil calvaire.

De 1981 à 1995, Roch Denis a vécu sur la corde raide. Il animait deux émissions très populaires, l'une à la radio et l'autre à la télévision, travaillait de longues heures et s'entraînait intensément.

 

«Mes journées s'étiraient de 8h le matin à 3h dans la nuit. Pendant ces années-là, j'ai battu mon record de jours de travail d'affilée: 189. J'étais fier», raconte Roch Denis.

Puis, sans qu'il le sache, les premiers symptômes d'épuisement sont apparus. «J'ai perdu tout intérêt, dit-il. Par exemple, je suis allé faire du ski et je me suis rendu compte que je n'avais plus aucun intérêt pour ça.»

Roch Denis est aussi devenu plus irritable. Et il n'avait plus d'énergie. «J'ai perdu 50% de mon énergie d'un coup. Je ne pouvais plus m'entraîner», se souvient-il.

Roch Denis a donc abandonné le sport, mais il a continué de travailler. Des nausées permanentes sont apparues. Et ses heures de sommeil ont diminué radicalement. «Je dormais de 23h à 2h, pas plus», dit-il.

Comme il ne comprenait pas ce qu'il avait, Roch Denis a consulté une dizaine de spécialistes. Des omnipraticiens, des gastroentérologues réputés, des naturopathes et des diététistes. Après plusieurs lavements barytés, une cure au psyllium et un régime sans gluten, Roch Denis était toujours malade. Personne ne savait ce qu'il avait.

L'animateur a commencé à commettre des erreurs au travail. Il a alors accepté d'être muté en Outaouais pour y remettre sur pied une station de radio. «Ma famille habitait dans ce coin. Ça me rassurait d'aller la retrouver», dit l'animateur.

C'est à ce moment qu'il s'est confié. Un de ses frères, qui est médecin, lui a dit qu'il faisait un burnout. «J'étais surpris, dit-il. Je ne savais pas ce que c'était. Mais je mettais enfin un mot sur mes souffrances.»

Malgré tout, Roch Denis a continué de travailler. «J'ai fait ça pendant huit semaines. Mais le 26 septembre 1995, j'ai cassé. J'ai vécu un effondrement complet de toutes mes capacités physiques et mentales.»

D'un seul coup, il s'est mis à pleurer sans arrêt. Il n'avait plus aucune énergie. Un médecin a diagnostiqué une dépression grave. Roch Denis a été confiné chez lui.

«Le premier mois, je suis resté couché. Je ne pouvais pas marcher. Je ne pouvais pas manger ni même regarder la télé, raconte-t-il. J'ai perdu 15 kg.»

Pendant les trois premiers mois de sa dépression, Roch Denis pleurait sans arrêt. Pendant deux ans, il est resté assis. «Je ne pouvais pas marcher plus de sept ou huit pas sans m'effondrer», dit-il.

Puis le temps et la médication ont fait leurs effets. Après quatre ans de repos, Roch Denis allait mieux. Il a repris son travail, mais à petites doses.

Puis, un jour, il a lu dans La Presse que, en 2010, la cause première d'absentéisme au travail au Québec serait le burnout. «J'ai décidé de ne pas rester là sans rien faire», dit Roch Denis.

Aujourd'hui, il donne des conférences sur les symptômes de l'épuisement professionnel. «Si quelqu'un m'en avait parlé avant, j'aurais écouté. Je veux maintenant alerter tout le monde pour que les gens écoutent leurs symptômes», dit-il.

Pour plus d'information: www.rochdenis.com