Le Biiru est à la rencontre de deux tendances actuelles.

D'abord, la tendance «ouvrons des bars et des restaurants intéressants dans une zone du centre-ville longtemps oubliée», celle tout juste à l'ouest du Quartier des spectacles maintenant rendue populaire par le Furco et le café Parvis. Le Biiru est à deux pas de là, rue City Councillors, presque à l'angle de la rue Sainte-Catherine Ouest, dans l'ombre de l'église St. James.

L'autre tendance, c'est celle de la restauration d'inspiration asiatique moderne, façon izakaya (taverne à la japonaise), qui déferle actuellement sur la ville, lancée il y a quelques années par Kazu, et qui nous a donné l'Imadake et maintenant le super Saka-Ba.

Les proprios, Yann Levy et Yossi Ohana, ne sont pas japonais, mais quand on entre chez Biiru, on a l'impression de plonger dans une chambre d'adolescent fasciné par les bandes dessinées nippones. Les images peintes sur les murs sont spectaculaires et reprennent à la fois la folie des personnages populaires contemporains de la culture populaire japonaise et les images évocatrices de peintres classiques comme Hokusai. On s'amuse, on a envie de tout «instagrammer». Il y a aussi des messages en japonais sur les chaises et toutes sortes d'objets décoratifs joyeux comme des masques, des bouteilles colorées.

Est-ce un restaurant? Est-ce un bar? Le lieu est à la frontière entre les deux. Et c'est très bien ainsi. On est au centre-ville, on s'imagine aisément aller prendre une bière et une bouchée à la sortie du bureau ou avant un spectacle, après une visite de galeries au Belgo, non loin. On ne va pas au Biiru pour manger doucement en tête à tête. On s'assoit là plutôt avec les copains ou en famille - si on a des ados - et on commande à manger et des cocktails avec ou sans alcool, surprenants, décoiffants. Cachaça et avocat? Saké, cerise, yuzu et anis étoilé? Ce n'est pas ici que le barman s'ennuie...

Dans l'assiette, les plats cherchent aussi l'originalité. Ce sont de petites assiettes qui se succèdent et on partage. La salade d'algue wakamé pourrait ressembler à tant de salades d'algues omniprésentes dans les comptoirs à sushi. Mais elle se démarque, grâce à la fraîcheur des produits et grâce, surtout, à la présence du parfum du yuzu et à des morceaux de mandarine. La combinaison du croquant moelleux de l'algue avec la vinaigrette légèrement sucrée fonctionne parfaitement.

Le plat de nouilles soba est servi froid et combine l'amertume piquante du kimchi avec un peu de sucre d'érable, des lardons. La rencontre est étonnante, un tout petit peu maladroite mais fait sourire. Le ramen? On y ajoute du foie gras.

Nos plats préférés? Les grillades, que ce soit les côtes levées de porc ou de boeuf ou alors les brochettes de morceaux de saumon enrobés dans le nori, tous servis avec une riche sauce sucrée, presque caramélisée, à base de soja, parfois juste assez piquante.

Autres bouchées sympathiques: les gyoza, des raviolis japonais aux légumes, dodus et parfumés, terminés à la poêle, donc légèrement croustillants.

Aucun de ces plats, toutefois, ne nous surprend par des combinaisons de saveurs précises. On navigue en terrains connus, sucrés, salés, américanisés. Cela dit, tout fait plaisir. Tout fait sourire.

Biiru

1433, rue City Councillors

Montréal

514 903-1555

www.biiru.ca

> Style: Izakaya éclatée. Des petits plats à la japonaises, grillades, salades, que l'on accompagne de bière ou de saké, dans un décor éclaté qui évoque les bandes dessinées japonaises. Très amusant. Une terrasse doit ouvrir sous peu.

> Prix: Assiettes entre 7 et 14 $.

> Carte de vin: On ne va pas chez Biiru pour le vin, mais plutôt pour plusieurs bières japonaises, un joli choix de saké et les cocktails variés.

> Service: Efficace, décontracté.

> Ambiance: Très vivante, on est à la frontière entre le restaurant et le bar.

(+) Le côté très sympathique, chaleureux, joyeux.

(-) Un menu qui manque un petit peu de verdures.

On y retourne? Oui.