Impasto est arrivé cet été sur la scène montréalaise en suscitant d'immenses attentes. Imaginez. Un restaurant ouvert par Stefano Faita, vedette de télévision et auteur de quelques livres de cuisine à succès, fils et élève culinaire d'Elena Faita, mère spirituelle italienne de nul autre que Martin Picard. Un restaurant conçu par le designer Zébulon Perron, dont la cuisine est pilotée par Michele Forgione, ancien de Venti.

Rien pour passer inaperçu. Rien pour faire des débuts relax. Dès les premiers jours, le restaurant s'est rempli et s'est ajouté à la liste de ces tables où réserver est non seulement impératif, mais parfois ardu.

Bref, tous les éléments étaient réunis pour faire grimper les attentes au plafond. «C'est mieux d'être bon», résume assez clairement l'état d'esprit dans lequel je m'y suis rendue la première et la deuxième fois, à chaque occasion après avoir tenté à plusieurs reprises d'obtenir une table avant de me résigner à prendre ce qu'on m'offrait, quand on me l'offrait.

Et puis, vous savez quoi? Ce fut effectivement très bon. Impasto fait clairement partie de mes coups de coeur de 2013.

C'est un restaurant accueillant, sympathique, où on prépare sérieusement une cuisine du marché italienne recherchée. Comme si l'influence de la famille Faita avait donné à Forgione la petite poussée qui lui manquait au Venti pour passer d'une bonne cuisine à une cuisine franchement délicieuse et chaleureuse comme on l'attend chez les Italiens.

Adoré, par exemple, une entrée de buratta, cette mozzarelle des Pouilles farcie à la crème, servie avec des tomates et de l'huile d'olive et un tout petit peu d'oignon doux, le tout déposé sur une friselle maison, soit un petit pain rond aussi originaire du sud de l'Italie qui s'imbibe glorieusement du jus de tous les composants.

Jolie composition aussi de poulpe braisé servi avec des pommes de terre, du fenouil frais croquant, de l'oignon rouge et des câpres. Là, ce sont les tubercules qui jouent le rôle de révélateurs de saveurs, accueillant avec douceur l'acidité des câpres et la fraîcheur anisée du bulbe vert.

En plat principal, les pâtes au lapin braisé et aux olives constituent le genre de plat qui nous fait applaudir l'arrivée de l'automne, avec son accent sur les mijotés. La lourdeur enrobante et rassurante des papardelles et les saveurs de la viande et des olives se renforcent les unes les autres, profondes, réconfortantes. On en veut jusqu'en décembre.

Le plat de porchetta, ventre de cochon travaillé, où la viande richement cuite fond en bouche, ponctuée d'une poire braisée et de brocoli, joue dans les mêmes zones de nos envies préautomnales de cocooning. Riche, salé, avec un peu de croquant vert, un peu de sucre acidulé... Encore là, cuisine confort.

Au dessert, on nous apporte des classiques revisités que le chef Forgione, pâtissier de formation, affectionne particulièrement. Un tiramisu au marsala, où le vin renforcé de Sicile ajoute des notes fruitées à la crème au café et au mascarpone, tout en lui donnant des airs de cousin distant du vaporeux zabaglione. Riche et amusant. Même réussite avec la panna cotta au yaourt de lait de bufflonne - produit original de la Société Orignal, distributeur de produits fins. Cette fois, c'est une légère aigreur, accentuée et parfumée par des griottes. Qui vient charpenter la crème cuite, joyeusement contrebalancée par le côté soyeux de ce lait qu'on connaît peu à part lorsqu'on en fait de la mozzarella.

À la fois complexe et tout doux. Délicieux et élégant, à l'image de tout ce repas.

Impasto

48, rue Dante, Montréal

514-508-6508

Carte de vins: beaucoup de produits italiens bien choisis à prix variés. On aime les produits naturels, mais on n'en fait pas une religion. Et on conseille respectueusement.

Service: souriant, accueillant, efficace, informé. Et parfois Stefano Faita est là pour mettre la main à la pâte.

Atmosphère: niveau de bruit soutenu. Ambiance chaleureuse, conviviale. On ne va pas là pour se dire des secrets, plutôt pour rire en gang.

Décor: des bouteilles de San Pellegrino, des miroirs, de l'inox, des tuiles. On se sent vraiment comme dans une brasserie italienne, conviviale, multigénérationelle, accueillante.

(+) Une cuisine italienne très savoureuse dans une ambiance familiale franchement sympathique.

(-) Bruyant et difficile d'avoir une réservation.

On y retourne? Oui.

Photo Olivier Jean, La Presse