Cet été encore, notre critique gastronomique parcourt les routes du Québec. Cette semaine, elle s'est arrêtée à Baie-Saint-Paul.

Le lieu est ma-gni-fique.

On l'a beaucoup dit, mais cela mérite d'être répété.

La Ferme, le nouvel hôtel de Baie-Saint-Paul qui fait partie de tout le complexe touristique du Massif, est une splendeur.

C'est épuré, dégagé, tout en douceur. L'intégration des bâtiments avec la plaine du bord de l'eau est impeccable.

Je n'y suis jamais allée en hiver, mais en été, le calme des lieux donne envie de s'y poser à jamais. Simplement pour regarder pousser les carottes et les oignons et tous les légumes des potagers qui entourent une partie des constructions. La Ferme ne s'appelle pas ainsi pour rien. Les immeubles neufs où se trouvent les restaurants, le spa, la gare du train-navette, les chambres, ont été construits en s'inspirant de l'ancienne magnifique et immense ferme blanche toute de bois qui occupait les lieux depuis des décennies, jusqu'à ce qu'elle soit emportée pas un incendie. Et La Ferme demeure un peu une ferme grâce à de nombreux jardins maraîchers qui alimenteront, on l'espère, le café et les restaurants. Car il y a plusieurs tables.

Le Bercail, pour manger sans facétie, le Café du marché, où l'on peut acheter des produits régionaux ou un sandwich et un café. Et il y a Les Labours, le restaurant principal.

Situé à l'étage de l'immeuble principal, il est largement vitré, avec un grand espace cuisine au centre. C'est un lieu décoré de façon moderne, mais très chaleureux, qui donne envie de s'y blottir après une longue journée de ski ou une balade en montagne.

Au menu, des produits régionaux et encore des produits régionaux. Charcuteries, viandes, fromages, légumes... On essaie de s'approvisionner essentiellement dans Charlevoix pour préparer des plats savoureux et simples.

Les Labours est un bon restaurant où on mange très bien, où la sommelière a bâti une belle carte de vin et sait l'expliquer et conseiller les bonnes bouteilles.

Est-ce un lieu de très haute gastronomie, où la qualité et la créativité de la cuisine sont au diapason de la splendeur du lieu? Non.

On est plutôt sur le plancher des vaches. On s'amuse avec quelques classiques. Et c'est souvent tant mieux. Il y a beaucoup de bien à dire sur les cuisines qui préfèrent chercher à bien préparer des plats simples, éprouvés, parfois oubliés du répertoire, plutôt que d'empiler les ingrédients disparates dans des créations aux équilibres précaires.

Au menu

En entrée, on choisit des cigares au crabe, où la chair du crustacé est combinée avec de la ricotta, un peu d'algues séchées, emballée dans des feuilles de chou bien vertes. L'idée est excellente, mais le plat se cherche.

Est-il chaud ou froid? Et la sauce à l'orange doit-elle être aussi sucrée... On demeure en quête de précision.

On trouve plutôt de la chaleur, des saveurs riches, dans une assiette d'escargots tendres, poêlés à la crème de persil ponctuée de morceaux de saucissons. Autre combinaison intéressante: de petits poireaux vinaigrette servis avec du saumon fumé et une purée de chou-fleur.

Mon plat préféré de tout le repas?

Une truite d'élevage des fermes Smith de Charlevoix, ensevelie sous une montagne d'amandes grillées. Un classique beurré réconfortant, simple, qui brille grâce au croquant des amandes et à la cuisson impeccable du poisson.

Le steak Galloway de la ferme de l'Oiseau bleu, voisine de l'hôtel, est aussi savoureux, tendre, surtout juteux. Est-ce le steak qui clôt la discussion sur tous les steaks comme le laissait entendre la serveuse? Non. Mais il était très bon et la cuisson exactement comme on l'avait demandée. Et ce soir-là, il était servi avec des petits navets blancs très doux, une sauce au vin, des champignons frais, chanterelles et pleurotes.

Le plat de gnocchi est préparé quant à lui avec de l'esturgeon fumé, qui sale à lui seul la sauce, autrement composée d'épinards. Des feuilles de kale frites ajoutent un petit peu de croquant à la composition. Un joli plat, peut-être un peu automnal toutefois, malgré les radis ajoutés en finition.

Au dessert, le pudding chômeur est riche, sucré, costaud, servi dans une poêle en fonte. Un classique québécois qui n'a pas été rendu raffiné pour l'occasion.

Le «camp boule», quant à lui, est une création rendant hommage au camp au sommet de la montagne du Massif, appelé ainsi, et qui s'articule autour du chocolat et de la glace, un peu comme les tartuffo italiens.

Pour amateurs de sucre et de chocolat sans exigences folles, qui ont surtout une envie de se sustenter cordialement, honnêtement.

Les Labours

50, rue de la FermeBaie-Saint-Paul

(418) 240-4123

www.lemassif.com

Prix: Entrées de 5 à 16$. Plats principaux de 23 à 38$.

Carte de vins: La carte est en deux parties. D'abord une sélection abordable intéressante, bien expliquée par la sommelière. Et puis, pour les amateurs aux budgets solides, une sélection spectaculaire, remplie de très grands crus de type Meursault, Puligny Montrachet et compagnie, qui coûtent quelques centaines de dollars chacun. Ouf!

Ambiance: Décoration minimaliste, mais chaleureuse. Des familles, des couples en tête à tête, des groupes d'amis. Convivial et inclusif. Niveau de bruit raisonnable.

Service: Professionnel, cordial, quelques lenteurs. Mais surtout, une sommelière efficace.

(+) Une bonne table honnête qui travaille avec beaucoup de produits régionaux à découvrir.

(-) Quelques plats un peu maladroits. Desserts un peu costauds. On cherchait les fraises fraîches à la crème très locale.

On y retourne? Oui. Parce qu'il y a peu de tables aussi intéressantes dans la région. Et parce que l'hôtel est exceptionnel.