Les femmes qui veulent absolument limiter les rides en vieillissant devraient commencer les traitements de chirurgie esthétique, comme le Botox, dès la vingtaine. C'est du moins ce que propose un «point de vue» publié le mois dernier dans la prestigieuse revue JAMA Dermatology.

«Nos patientes nous demandent souvent quand elles doivent commencer les traitements esthétiques antirides comme la toxine botulinique», explique l'auteure principale de l'étude, Heather Hamilton, de la clinique Skincare de Chestnut Hill, au Massachusetts. «Je ne pense pas qu'il faille commencer à l'adolescence. Mais si une femme dans la vingtaine est convaincue qu'elle veut à tout prix éviter des rides dans la quarantaine, il vaut mieux commencer en prévention, immédiatement.»

Le Dr Hamilton cite notamment une étude sur deux jumelles identiques, publiée en 2006 dans la revue Archives of Facial and Plastic Surgery. L'une des jumelles avait reçu des injections de Botox deux à trois fois par année à partir de 25 ans. À 38 ans, elle avait nettement moins de rides que sa jumelle.

Ne faudrait-il pas attendre d'autres études similaires avant d'en arriver à une telle recommandation? «Idéalement oui, mais il n'est pas facile d'en faire en chirurgie esthétique», concède le Dr Hamilton.

Points de vue divergents

Deux associations médicales impliquées dans le domaine, la Société canadienne de chirurgie du laser esthétique (CLASS) et l'Association canadienne de dermatologie ont des points de vue divergents sur l'étude. «On sait depuis longtemps qu'il vaut mieux commencer les traitements antirides en prophylaxie, avant l'apparition des rides passives, quand les rides n'apparaissent que lorsqu'on utilise les muscles de la figure», affirme Arie Benchetrit, président de CLASS, qui pratique à Pointe-Claire. «Mais ici, on voit rarement des femmes pour ça avant l'âge de 35 ans.»

Ari Demirjian, un dermatologue du Centre universitaire de santé McGill consulté par La Presse, estime quant à lui que «beaucoup de dermatologues ne partagent pas le point de vue qu'il faut commencer dès la vingtaine». «L'étude des jumelles est la seule de son genre. C'est trop tôt pour en tirer des conclusions.»

Lilia Goldfarb, spécialiste de la question de l'image corporelle au Y des femmes de Montréal souligne quant à elle que le désir de chirurgie plastique cache parfois des problèmes de dépression. «Idéalement, il faudrait que ce type d'intervention s'accompagne d'une consultation psychologique, dit Mme Goldfarb. Peut-être pourrait-on prévoir une consultation obligatoire pour les mineures, à tout le moins.»