Dans le merveilleux monde de la coiffure, il y a une tendance plutôt radicale qui prend de l'ampleur - d'autres diraient qu'elle fait des ravages! Les jeunes femmes arrivent en grand nombre dans les salons de coiffure pour se faire faire une tête à la Cyndi Lauper revisitée... quand elles ne le font pas elles-mêmes à la maison. Raser ou ne pas raser? Là est la question que se posent modeuses et coiffeurs.

Les trentenaires, elles, crient au déjà-vu. «J'avais cette coupe-là au secondaire!» font-elles. Oui et non, répondront les pros. On sait bien que les modes reviennent rarement telles quelles. Ce serait trop facile! Les plus avisés prennent au moins le soin de récupérer d'anciennes tendances avec un souci de modernité.

Chez Coupe Bizarre, Véronique Cyr et les autres coiffeurs rasent des cheveux depuis toujours. «Mais c'est vrai que j'en vois de plus en plus dans la rue, remarque Véronique. On dirait que les filles qui ont les cheveux longs commencent à avoir envie de changement. La coupe peut être très polyvalente. Lorsqu'on ne rase qu'une section, il y a moyen de la camoufler pour les moments où on veut avoir l'air plus sérieux. Mais c'est quand même un point de non-retour!»

Dans les années 80, on voyait beaucoup de nuques passées au rasoir sous la queue de cheval. La mode actuelle est de raser ou de raccourcir une section rectangulaire sur le côté. Le look Cyndi Lauper, mais en plus discret. Idéalement, on combine la coupe à une garde-robe d'une élégance moderne (pensez Denis Gagnon, Barilà, etc.). Alors que ce port de tête était un moyen d'affirmer son côté rebelle dans les années 80, il témoigne aujourd'hui davantage de l'audace et du sens du style de celle qui l'ose.

Mélanie Brisson, styliste de mode, a commencé progressivement. Elle a dit adieu à une première petite section de ses longs cheveux roux il y a environ un an. Puis la section s'est agrandie. Et pour faire changement, elle a finalement décidé de raser les deux côtés.

Juliette Lewis

«Il y a quelque chose de très autochtone dans ce look-là et je suis fascinée par cette culture et par son esthétique depuis toujours.» Dans la rue comme dans les soirées mondaines, la jeune femme ne passe pas inaperçue. «Je me fais beaucoup parler de mes cheveux. À la Semaine de la mode du printemps dernier, on m'a souvent prise en photo pour ma coupe.» Deviendra-t-elle la marque de commerce de la styliste? L'avenir nous le dira.

Véronique Beaupré, copropriétaire du Local B, à Outremont, a une clientèle très mode, mais plus classique. Elle a néanmoins proposé de raser quelques mèches de la nuque d'une cliente aux longs cheveux noirs qui voulait du changement. «Elle a adoré!» lance celle qui gagne de nombreux prix de coiffure, année après année.

Si elle est facile à porter dans des milieux ouverts comme ceux de la mode et des arts, la coupe «quasi-mohawk» ne fait pas l'unanimité dans les cercles plus conservateurs. L'humain moyen a du mal à y déceler la beauté et l'élégance.

De même, certains coiffeurs refuseront carrément de faire cette coupe à leur cliente, de peur que celle-ci ne le regrette, entre autres. C'est le cas de Michel Lepage, qui coupe les cheveux chez lui, loin des modes éphémères. «Je trouve que ça manque de modernité. On a déjà vu ça.» Pour les clientes qui se font insistantes, le coiffeur des vedettes discrètes proposera davantage une coupe asymétrique revisitée, avec dégradé très prononcé d'un côté.

Been there, done that, comme diraient les anglos? Vous cherchez votre prochain coup de tête? On assiste aussi au retour des couleurs «artificielles». Mais oubliez les rouges saturés et intégraux à la Muriel Moreno (du groupe des années 80 Niagara). Pensez plutôt Juliette Lewis, avec sa tignasse nouvellement bleue, un peu délavée. Les teintes pastel ont aussi la cote, affirme Véronique. «Les couleurs sont plus cendrées, fumées, ternes. On voit du gris, du lavande, du rose pâle.» Ouch! Nos cheveux n'ont pas fini d'être malmenés.

Photo fournie par Sébastien Roy