Effacer les outrages de l'âge grâce à l'injection de produits de comblement des rides est un acte qu'il ne faut pas banaliser, a mis en garde mardi l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, conseillant de s'en tenir aux produits résorbables.

A la différence de la toxine botulique (botox), utilisée également pour corriger les rides, les produits de comblement injectables ne sont pas des médicaments, mais des dispositifs médicaux. Leur action anti-rides est mécanique - ils remplissent un espace -, alors que la toxine botulique diminue la force de contraction des muscles.

Les produits de comblement recourent en majorité aujourd'hui à l'acide hyaluronique, peu allergisant, tandis que les collagènes ont quitté le devant de la scène. L'implant est injecté dans la peau sous forme de gel à l'aide d'une seringue, le plus souvent par un chirurgien plasticien ou un dermatologue.

Actuellement environ 80 produits sont commercialisés en France par 25 fabricants.

Pour aider les professionnels et le public à s'y retrouver, l'Afssaps a classé ces produits selon leur durée d'effet : résorbables lorsqu'ils s'éliminent naturellement entre 3 à 6 mois, lentement résorbables (entre 6 mois et un an), et non résorbables au-delà.

«Moins les produits sont résorbables, plus le risque d'effets secondaires est important», a souligné Jean-Claude Ghislain, directeur de l'évaluation des dispositifs médicaux de l'Afssaps.

«Nous recommandons d'en rester aux produits résorbables ou lentement résorbables», a-t-il indiqué. Les produits non résorbables, peu utilisés, «sont difficiles à maîtriser au fil du temps et franchement non recommandés aujourd'hui», a-t-il ajouté.

Les principaux risques sont des effets secondaires classiques : rougeur, hématome, infections liées à l'injection elle-même...

D'autres effets indésirables, comme le granulome (petite masse inflammatoire) sont plus rares, mais aussi plus graves et concernent davantage les produits non résorbables. Leur fréquence se situerait entre 0,1 et 1% des patients. Difficiles à traiter, ils peuvent apparaître plusieurs années après l'injection.

Pour le président de la Société française de chirurgie plastique reconstructrice et esthétique, Claude Le Louarn, «les précautions sont tout à fait justifiées». «Il y a des zones comme les régions autour de l'oeil ou du nez qui sont dangereuses, anatomiquement particulières», a-t-il précisé à l'AFP.

L'Afssaps recommande aux patients de bien conserver les données concernant les injections et met en garde contre le "nomadisme" qui conduit à se faire injecter des produits différents par des praticiens successifs.

«Les experts pensent qu'il faut réfléchir à un carnet esthétique» qui recenserait les diverses interventions, a indiqué Jean-Claude Ghislain.

L'Afssaps souhaite également renforcer la vigilance vis-à-vis de ces produits.

De son côté le ministère de la Santé prépare un décret encadrant les actes à visée esthétique (laser, botox, acide hyaluronique, lumière pulsée, peelings...).

Le marché des dispositifs de comblement est en constant développement, avec un volume de ventes d'environ 600.000 seringues par an en France. Le marché français était estimé à 30 millions d'euros en 2009, selon les chiffres de l'Imcas (International Master Course on Ageing Skin).

«En France, en Europe, sur la côte Est des Etats-Unis et de plus en plus dans le monde, la tendance qui s'impose est de restituer et maintenir chez les patients une beauté naturelle, non stéréotypée, sans vouloir être jeune quel qu'en soit le prix», selon l'Imcas.