Oseriez-vous? Une journée sans maquillage. Rien. Pas le moindre petit fard à joue, crayon ou mascara. Pas même de cache-cernes. Vous, à l'état brut.

La question vous semble peut-être d'une futilité suprême. Mais pour plusieurs d'entre nous, elle revêt un je ne sais quoi d'existentiel. En connaissez-vous beaucoup, vous, des femmes qui partent travailler sans passer quelques instants à se poudrer devant le miroir? À redessiner leurs yeux, leurs lèvres? Pensez-y. Passé un certain âge, il y a des cernes qui ne pardonnent plus, affirment certaines. Et même très jeunes, il y a des femmes qui ne sortent pas de chez elles sans se «masquer», pardon, se maquiller.

C'est le constat brutal qui ressort du documentaire Elle est belle au naturel, réalisé par Sylvie Rosenthal et diffusé mardi prochain, à Canal Vie. Quatre femmes accros du maquillage, âgées de 17 à 67 ans, ont accepté de réfléchir tout haut sur leur dépendance. Mieux, elles ont accepté de se faire photographier «à nu», sans la moindre petite retouche cosmétique.

Pour l'occasion, le magazine Elle Québec publie dans son prochain numéro non seulement les photos des femmes en question, mais aussi celle de la chanteuse Ima, 100% naturelle (une photo également garantie sans retouche). En prime, des images inusitées de plusieurs vedettes qui ont osé, elles aussi, lever le voile sur leur vrai visage. Caroline Dhavernas, Marie-Chantal Toupin, Florence K, Macha Grenon, Chantal Fontaine, Mara Tremblay et Andrée Lachapelle ont toutes accepté de participer à une réflexion publique sur la place qu'occupe le maquillage dans nos vies. Oui, en vrai, elles sont souvent ridées. Cernées aussi. Sans fard, elles semblent aussi plus fragiles, vulnérables, peut-être, et, surtout, plus vraies, justement. Humaines. À la limite de l'animal, souligne même la comédienne Chantal Fontaine. «Sans fard, on croit qu'on est fragile, alors que notre visage nu nous donne une force animale, plus brute et plus vraie.»

«On ne dit pas qu'il ne faut pas se maquiller, nuance la réalisatrice. On dit plutôt qu'il ne faut pas que cela devienne une dépendance. Il faut surtout s'accepter comme on est.»

D'où l'idée de mettre en scène quatre vraies de vraies dépendantes: Nevenka (16 ans), Gigi (34 ans), Chantal (38 ans) et Francyne (67 ans). Quatre femmes qui ne sortent pas de chez elles sans maquillage. Jamais. Leurs commentaires, d'une honnêteté parfois déconcertante, en disent long sur l'importance de l'image et du culte de la jeunesse dans leur vie. Dans nos vies. Parce qu'à des degrés différents, «on vit toutes ces pressions-là», précise Sylvie Rosenthal.

Photo: Michel Cloutier, Elle Québec

Caroline Dhavernas

Et aussi, surtout, l'importance de leur faible estime d'elles-mêmes. «Pas maquillée, je ne me sens pas à l'aise», «je me sens complètement dégueulasse sans maquillage», «j'ai l'air plus vieille, on voit tous mes défauts», avouent-elles à tour de rôle.Toutes sont pourtant, à leur manière, de très belles femmes. Pas parfaites, non. Mais qui l'est? Perfectionniste, par contre, ça oui. «Je veux que les gens ne voient que le bien en moi. Alors le maquillage me sert de masque.»

Les scènes de la séance de photographie sont aussi très révélatrices. Malgré la coiffure et les vêtements choisis par la styliste, c'est un véritable supplice: «Je ne trouve pas ça drôle du tout», «je me sens très vulnérable», «c'est comme si je m'étais fait frapper par un autobus». Dur, le choc de la réalité?

Le documentaire se conclut aussi sur une question, ou plutôt une invitation à l'action et à la réflexion: et vous, êtes-vous capable de vous sentir belle au naturel?

Elle est belle au naturel, documentaire réalisé par Sylvie Rosenthal, sera diffusé le mardi 11 mai, à 20h, à Canal Vie.

La même journée, le 11 mai, Canal Vie vous invite à relever le défi et proclame la Journée sans maquillage.

Photo: Michel Cloutier, Elle Québec

Chantal Fontaine