«On s'est dit que ça sentait bon mais que ça ne durait qu'une dizaine de jours par an, alors on a essayé de capter cette fragrance». Après les fruits, la liqueur et le whisky, une productrice de Lorraine en France, Anne-Marie Grallet, s'est lancée depuis l'année dernière dans un parfum à base de mirabelle.

Dans son verger de Rozelieures (Meurthe-et-Moselle), à une quarantaine de kilomètres au sud de Nancy, la récolte des fleurs des mirabelliers se fait «entre le 15 et le 20 avril», quand elles sont «bien ouvertes et ensoleillées, généralement entre 14h et 16h», explique la productrice.

Il lui a fallu deux ans, avec un professeur de l'École nationale supérieure d'agronomie et des industries alimentaires (Ensaia) de Nancy, et un «nez» de l'industrie du parfum à Grasse (Alpes-Maritimes), pour mettre au point la formule, après des dizaines d'essais, alors que la mirabelle n'avait jusqu'alors jamais été utilisée dans un parfum.

«La fleur est fragile et se fane en quinze minutes. Il a fallu trouver un moyen de fixer la fragrance», résume Christophe Dupic, le gendre d'Anne-Marie Grallet, les mains chargées de fleurs fraîchement cueillies dans les vergers, qu'il dépose immédiatement dans des cuves de macération.

Des fragrances de bergamote, spécialité de Nancy, de rose, jasmin, et cassis pour la note de tête, ainsi que du musc et de l'ambre pour la note de fond, constituent l'eau de toilette, «ainsi que plusieurs ingrédients secrets», révèle Christophe Dupic.

Depuis le début de la semaine, dans les vergers, une vingtaine de personnes s'activent chaque jour, redoutant «la pluie, le vent, le froid, qui rendent la récolte impossible», indique Sabine Dupic, la fille d'Anne-Marie Grallet, alors qu'il faut une centaine de kilos de fleurs pour obtenir un millier de flacons de parfum.

«C'est très compliqué : c'est à la fois très fragile, léger comme de la plume, et il faut aller vite», détaille la jeune femme, qui décrit le parfum de la fleur comme «subtil et fugace, sucré et ensoleillé».

Après dix jours de «macération secrète», le produit est distillé «dans les mêmes alambics que ceux utilisés pour l'eau de vie», assure Christophe Dupic.

S'ensuit l'association avec les autres produits à Grasse, avant un retour en Lorraine, où l'eau florale macère à nouveau pendant trois mois.

Commercialisée dans les parfumeries et grands magasins de la région, «L'or du verger» se décline en versions masculine et féminine.

«On en a vendu 1500 (flacons) depuis l'année dernière», se félicite le producteur, qui réfléchit désormais à introduire la mirabelle dans un pastis couleur locale. «Pour l'année prochaine», promet-il.