Se faire tirer la peau ou remonter les fesses dans une clinique privée sud-africaine et passer sa convalescence en safari: cette offre originale connaît un succès grandissant auprès de touristes soucieux de corriger leur apparence à petits prix.

«Après beaucoup de recherches sur Internet, je me suis décidée pour l'Afrique du Sud. J'ai aimé les prix et l'offre de remise en forme qui m'étaient offerts», explique Joy Kramel-Cox. Cette Londonienne de 54 ans a payé environ 154 000 rands (15 200 dollars) pour se faire tendre la peau du ventre, refaire le nez et les paupières dans une clinique de Johannesburg. Le prix de ce forfait comprenait aussi les nuits d'hôtel près d'une réserve naturelle, mais pas le safari.

«J'aurais certainement payé beaucoup plus cher chez moi. Et ici, j'ai la possibilité de voir du pays après l'opération», poursuit cette professeur de théâtre. «Et puis, j'aime bien penser que, quand je rentrerai de vacances, les gens ne remarqueront pas seulement mon bronzage...»

Le secteur de la santé sud-africain compte d'excellents professionnels, dont l'un a réalisé la première greffe de coeur au monde il y a 40 ans. Depuis la chute du régime raciste d'apartheid en 1994, cette réputation attire de plus en plus de patients étrangers, qui en profitent parfois pour visiter le pays.

«Les safaris médicaux sont un phénomène en pleine expansion grâce aux hôpitaux privés qui offrent une qualité de service équivalente à leurs homologues européens», confirme Lorraine Melvill, fondatrice de l'entreprise «Chirurgie et Safari» à Johannesburg.

Aucun chiffre global sur le tourisme médical en Afrique du Sud n'est cependant disponible.

Dans ce secteur, l'Afrique du Sud est en compétition avec d'autres pays émergents comme l'Inde, la Malaisie, le Brésil, la Thaïlande et le Costa Rica, qui sont déjà des acteurs de premier plan du tourisme médical. Mais elle mise sur ses nombreuses réserves naturelles -- notamment le célèbre Parc Kruger -- pour faire la différence.

«Beaucoup d'Européens choisissent de passer leur convalescence dans des lodges de luxe, d'où ils peuvent faire des sorties pour observer les animaux en profitant du soleil africain», raconte Mme Melvill.

Pour attirer les Occidentaux qui hésitent à passer de longues heures dans un avion, les compagnies du secteur ont également développé des offres globales, incluant une consultation avant le départ, les vols, le visa, le logement et les frais d'hospitalisation.

Tous les touristes ne viennent pas d'aussi loin: l'Afrique du Sud accueille également des riches patients du reste du continent dont les pays manquent des services médicaux adéquats.

Mais l'expansion du tourisme médical a aussi des conséquences négatives pour le système de santé sud-africain. De plus en plus de professionnels quittent le secteur public, déjà en sous-effectif criant, pour travailler dans ces cliniques spécialisées.

La docteur Tshepo Maaka a pour sa part quitté son cabinet dans le privé, pour se consacrer exclusivement au secteur esthétique et fonder il y a cinq ans l'entreprise Serokolo Santé tourisme, qui participe à cet exode.

Aujourd'hui, sa compagnie reçoit en moyenne 20 demandes de renseignements par jour, la plupart venant d'Allemagne, du Canada, des Pays-Bas et de l'Australie. «Nous ne travaillons pas comme des compagnies touristiques ordinaires», dit-elle pour justifier ce succès: «nous employons du personnel ayant une expérience médicale en tant que consultants.»

Les étrangers toutefois n'ont cure de ce problème et rentrent de vacances avec, en guise de souvenirs, des implants de cheveux, des seins fermes ou des lèvres pulpeuses.

«Se faire opérer en Afrique du Sud est faire d'une pierre deux coups, estime Joy Kramel-Cox: vous perdez de la graisse et profitez d'un des plus belles escapades safari du monde.»