Fendi a présenté jeudi des collections pour Lara Croft chic, tandis que Prada a joué sur le clash provoqué par les fêlures des femmes fortes, au deuxième jour de la semaine de la mode milanaise, marqué par un méga spectacle d'Emporio Armani à l'aéroport.

Dans les locaux de la fondation Prada, l'illustre maison a mis la musique techno à plein volume : les looks en apparence classiques et propres sur eux dévoilent rapidement leurs fêlures, déchirures et ouvertures voulues par Miuccia Prada pour représenter ce clash.

« J'ai voulu jouer avec tous les clichés classiques du vestiaire féminin - la jupe tennis, le petit manteau paletot, les serres-têtes de dames, la chemise en chiffon... - et les déchirer aux coudes, dans le dos pour montrer le contraste de la femme forte, que Prada a toujours souhaité inspirer et représenter », a déclaré a l'AFP la créatrice en marge du défilé.

Comme toujours, la portée politique et féministe est le fil conducteur de la maison « contre le conservatisme galopant de la mode », a conclu la créatrice.

La réalisatrice Sofia Coppola a elle aussi commenté pour l'AFP « la force de ces femmes aux looks de dames, qui sont en fait des bad girls ».

Chez Fendi, le duo Karl Lagerfeld-Silvia Venturini Fendi a pour sa part pensé à une femme guerrière habillée pour affronter la jungle urbaine, avec un vestiaire où le pragmatisme se mêle à l'exotisme.

« Performante, pratique et sensuelle »

Les vestes comme les ceintures ont des poches, des pochettes, zippées et pratiques autant qu'esthétiques. Les tissus sont microperforés pour respirer, et les formes, aux épaules, en plastron, sont masculines.

La silhouette est graphique avec les corsets, en cuir ou popeline.

La maison lorgne encore vers des influences sportives avec des brassières techniques ou des cuissards de cyclistes, à porter avec une longue chemise.

Des manteaux bombers fluides courts ou longs, des jupes plissées ou gaufrées du logo FF, du PVC et une palette minérale sauge, cognac, mandarine ou sable finissent de composer la collection.

« J'aime le mélange entre rigidité, structure et fluidité de la collection, pensée pour une femme performante, pratique et en même temps sensuelle », a expliqué à l'AFP Delfina Delettrez-Fendi, fille de Silvia Fendi, elle-même créatrice de sa propre ligne de bijoux.

Comme à l'accoutumée, le parterre était composé d'influenceurs, dont l'indétrônable Italienne Chiara Ferragni aux 15 millions d'abonnés, et la vedette de hip-hop Niki Minaj, sous le regard du nouveau patron venu de France, Serge Brunschwig.

Admirateurs déchaînés

Dans la matinée, Max Mara avait aussi présenté une collection pour une femme amazone, prête à traverser le désert ou la savane : stratification pour se couvrir comme les bédouins, couleurs ton sur ton, sable, ocre, vert, gris.

Certains modèles ont la tête couverte d'un voile, évoquant le hijab. Les sacs sont portés en bandoulières, sur le corps, pratiques, décidément.

La journée s'est achevée avec le défilé Emporio Armani à l'aéroport de Milan-Linate. La foule élégante a joué le jeu des longues files aux comptoirs d'enregistrement avant de passer les contrôles, de traverser le terminal pour finalement descendre sur le tarmac et découvrir le hangar transformé en scène de spectacle.

Un défilé-fleuve de 190 looks a tenu en haleine les admirateurs, dont les réactions ont été dignes d'un concert rock, pendant que les avions continuaient de décoller en toile de fond. Et, concert il y a eu, avec l'apparition surprise d'un Robbie Williams tout en autodérision.

« Vous vous souvenez peut-être de moi, je suis Robbie Williams des années 90 », a-t-il lancé avant d'enchaîner sur une heure de concert, qui a transformé le public habituellement sérieux des défilés en admirateurs déchaînés chantant à tue-tête.