La marque allemande Escada a effectué dimanche son premier défilé à New York, au quatrième jour de la Fashion Week, l'occasion de fêter les 40 ans de la maison et de présenter une collection qui réinterprête les années 80, décennie magique pour le groupe.

Escada a longtemps été une belle endormie, portée par une marque forte mais plombée par une gestion calamiteuse et des choix créatifs incertains, qui l'ont poussée à déposer le bilan en 2009.

Rachetée par la belle-fille du magnat de l'acier Lakshmi Mittal, Megha Mittal, la marque dont le nom est inspirée de celui d'un cheval de course tente, depuis, de remonter la pente.

Depuis son arrivée au sein de la maison, en août 2017, le créateur irlandais Niall Sloan tente de faire se rencontrer l'esprit de la cofondatrice, Margaretha Ley, et l'époque actuelle, a-t-il expliqué à l'AFP.

«Je réfléchis à ce qu'elle aurait fait si elle avait été vivante aujourd'hui», a déclaré le créateur à l'issue du défilé, au sujet de Margaretha, décédée prématurément en 1992.

Pour sa seconde collection aux commandes de la marque, Niall Sloan a réinterprété les incontournables des années 80, la décennie qui a fait décoller Escada, au point d'habiller certaines des célébrités les plus emblématiques de l'époque, de Kim Basinger à la princesse Diana.

Épaulettes, couleurs vives et boutons dorés étaient de sortie, accompagnés de touches de modernité ici et là, pour rendre les pièces pertinentes.

Le couturier a fait le choix de matières nobles, en particulier de nombreuses déclinaisons de soie, pour illustrer des années lors desquelles les femmes se sont affirmées sur le plan vestimentaire, notamment dans l'univers professionnel.

«Lorsque vous vous êtes battue pour un espace dans un monde d'hommes, le vrai défi ensuite est de n'avoir pas perdu un idéal féminin», a expliqué Niall Sloan.

«Vous êtes toujours la mère, la gardienne, la soeur, la diplomate, celle qui fait l'unité», dit-il, «donc la garde-robe doit être la partie la moins compliquée de votre journée.»

«Je veux que vous mettiez quelque chose le matin», explique-t-il, «que cela vous aille naturellement et que vous passiez la journée sans y penser de nouveau, parce que vous avez assez à faire.»

Se libérer des attentes

Longtemps passionné de couleurs, comme Escada, le créateur néerlandais Sander Lak a lui changé cette fois d'orientation pour la collection printemps-été 2019 de sa marque Sies Marjan, présentée dimanche à New York.

Le pastel en retrait, le blanc et le bleu dominaient dans ces pièces marquées par l'aisance et l'amplitude, avec toujours cette volonté de se laisser aller au gré de ses humeurs, sans nécessairement suivre une ligne directrice.

Ce designer passé par Dries Van Noten et Balmain, né à Brunei mais qui a beaucoup déménagé depuis son enfance, affirme se sentir enfin «chez lui» à New York, et avoir trouvé la maturité à 35 ans, qui lui permet de se libérer des «attentes» à son égard .

Pour marcher avec ses vêtements dimanche, Sander Lak avait choisi quelques proches, aux côtés de mannequins professionnels, comme sa mère. «C'est vraiment grand de pouvoir célébrer ce que je fais avec les gens que j'aime», a-t-il expliqué à l'AFP.

Très loin de l'univers de Sies Marjan, Hugo Boss a pourtant pris le même parti d'une utilisation minimaliste des couleurs, avec beaucoup de noir, de blanc, de beige et de vieux rose, pour sa collection BOSS printemps-été 2019.

La collection présentée dimanche était intitulée «California Breeze» et se voulait en décontraction chic.

L'un des costumes, immaculé, rappelait la fameuse tenue portée par Michael Jackson sur la photo de l'album Thriller, dont Hugo Boss a ressorti une version pour les 60 ans de la naissance du roi de la pop.