Olivier Theyskens est un créateur belge qui a longtemps été surnommé l'enfant prodige de la mode. Il fait partie des conférenciers invités du Festival Mode et Design de Montréal, qui se déroulera du 21 au 26 août. Le créateur, illustrateur et metteur en scène Jean-Paul Goude ainsi que le photographe John Londono font aussi partie des invités.

Le designer, qui a lancé sa marque de prêt-à-porter alors qu'il n'avait que 20 ans, se retrouve sous les projecteurs lorsque Madonna porte une de ses robes aux Oscars en 1998. Il devient ensuite directeur artistique de la maison Rochas, puis de la maison Nina Ricci et enfin de la marque américaine Theory. Il vient de relancer sa marque où il crée des collections de prêt-à-porter de luxe pour femmes. Entrevue.

Vous venez de relancer votre marque Maison Olivier Theyskens. Comment qualifiez-vous votre style?

La relance de mes collections personnelles était quelque chose que je désirais faire tout au long des années où j'ai travaillé pour d'autres marques, même si j'étais très heureux de travailler pour d'autres maisons.

Finalement, mon style est en ligne directe avec ce que j'avais entamé à mes débuts. Un style teinté par mes expériences dans le monde du luxe et dans les vêtements plus accessibles. Je me suis positionné sur le haut de gamme du prêt-à-porter de luxe parce que j'avais envie de travailler des matières nobles, de très belles soies, et d'avoir une fabrication irréprochable dans les meilleurs ateliers en Italie. Mon style est teinté d'une forme de rigueur, de romantisme, d'une touche gothique, fait pour des personnes sensibles au luxe et au raffinement, et jeunes d'esprit.

Vous avez eu des débuts fulgurants lorsque Madonna a porté une de vos créations à la soirée des Oscars. Avec le recul, comment avez-vous vécu cette folie alors que vous étiez très jeune, à 21 ans?

Je suis une personne très pragmatique et en même temps pendant toute mon enfance et mon adolescence, j'ai beaucoup dessiné. En 1998, j'étais très occupé, je portais sur mes épaules la majeure partie des choses que je faisais et j'étais très concentré. J'avais un ami chez moi, qui me disait: «Ça va être maintenant Madonna à la télé avec ta robe!» Et je lui répondais: «Mets une cassette VHS, enregistre et on regardera plus tard!» Ça montre qu'il faut continuer et rester concentré! C'est de cette manière que je l'ai pris! En tant que créateur, quand j'ai commencé dans ce métier, j'ai considéré qu'il fallait devoir gérer une forme de reconnaissance et j'ai pris ça de manière très sérieuse et professionnelle. J'ai reçu une très bonne éducation qui m'a évité de prendre la grosse tête!

On vous a surnommé l'enfant prodige de la mode...

J'étais un peu effrayé! Je voyais que Jean Paul Gaultier, on l'appelait toujours l'enfant terrible de la mode, et je me disais: j'espère que ça ne va pas me suivre toute ma vie! J'ai appris très vite qu'on peut être étiqueté. Je suis une personne pluridirectionelle dans ma création, je passe d'un style à l'autre, je change, j'ai été très sombre, puis plus romantique, puis d'un style très strict. J'ai tendance à explorer, donc je n'aime pas être étiqueté.

Photo Thomas Deschamps, fournie par le Festival Mode et design

Olivier Theyskens

Le sportswear est devenu une façon d'être, de vivre, un style de vie... Qu'est-ce que vous en pensez?

Le sportswear offre des solutions confortables aux gens. Le confort physique, mais aussi d'une certaine façon le confort psychologique à partir du moment où tout le monde le porte. Aujourd'hui, les gens en général sont heureux et confortables de ne pas être trop pointilleux et regardants sur leurs choix vestimentaires. Il y a aussi beaucoup de gens qui veulent montrer leur individualité et leur style personnel. Peut-être que dans 20 ans, on regardera ces années-ci comme des années un peu relâchées ou négligées. Mais le sportswear peut aussi être très pointu, très chic et élégant, voire élitiste. Je pense qu'en général, on est beaucoup plus relâché aujourd'hui. Mais je ne juge pas. Je n'ai pas besoin de voir des gens bien habillés autour de moi, j'ai besoin de les voir tels qu'ils sont.

Est-ce que la mode fait encore rêver?

La mode peut faire rêver. La vision d'une création qui donne un impact esthétique, laid ou beau, peut faire rêver. Quand la mode est traitée d'une manière haute couture, ça peut encore plus faire rêver, car il y a le côté inaccessible, et le talent des créateurs impliqué. La mode évolue, les choses changent, les gens consomment différemment. On n'a plus de pression sociale de devoir être vêtu selon des codes stricts. Il reste peu de milieux où l'habit est considéré comme une obligation. Les gens sont beaucoup plus libres de porter ce qu'ils veulent.

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Les 12 conférenciers invités dans le cadre des FMD Rencontres ont été annoncés il y a deux semaines; la programmation complète du Festival Mode et Design sera dévoilée le 19 juillet.

La rencontre avec Olivier Theyskens est prévue le 21 août à 19 h 30. Les billets sont en vente sur ce site.

Photo archives AFP

Laetitia Casta porte une création d'Olivier Theyskens