Alors que l'esthétique des années 90 fait un retour remarqué, Gap a dévoilé il y a deux semaines une collection limitée qui remet au goût du jour quelques morceaux iconiques de l'entreprise issus de cette décennie. Pour souligner en grande pompe ce lancement, l'entreprise a présenté le film Generation Gap, mettant en vedette Naomi Campbell et tourné par le Montréalais Kevin Calero. La Presse s'est entretenue avec lui pour qu'il nous raconte son expérience.

Né à Blainville, Kevin Calero s'intéresse très jeune à la danse urbaine et contemporaine, et danse pendant environ 10 ans. Adulte, il se tourne vers le cinéma et commence à collaborer avec une amie chorégraphe, en plus de réaliser des tournages dans le milieu de la mode et des publicités. Diplômé de Concordia en communication, il se considère d'abord et avant tout comme un autodidacte. Il s'est notamment fait un nom en réalisant des vidéoclips pour Coeur de pirate, Human Human et Foxtrott. C'est justement sa trilogie de vidéoclips «dansés», réalisée pour l'artiste électro montréalaise, qui lui a permis de se faire remarquer et qui a fait en sorte que son nom a été évoqué auprès de l'agence mandatée par Gap pour trouver un réalisateur pour Generation Gap.

Le réalisateur de 29 ans a finalement été choisi par Gap, qui voulait vraisemblablement sortir des sentiers battus en confiant la réalisation de cette grosse campagne publicitaire à un jeune de la relève. «Ils cherchaient une approche différente, pour faire en sorte que le film ne soit pas seulement un hommage aux années 90, mais qu'on amène le tout dans quelque chose de plus moderne», note Calero, évidemment fort enthousiaste à l'idée de réaliser ce projet et qui dit voir plusieurs portes s'ouvrir pour lui depuis.

S'inspirer du passé pour créer du nouveau

Le mandat de Calero était imposant: créer pour Gap un film publicitaire pour le lancement de la collection limitée «réédition des années 90». Pour ce faire, Gap a demandé au réalisateur de s'inspirer de trois annonces publicitaires chantées et dansées de l'entreprise, diffusées dans les années 90 - et que plusieurs reconnaîtront -, qui mettaient en vedette les chansons Mellow Yellow, Crazy Little Thing Called Love et Just Can't Get Enough. Calero avoue d'ailleurs que ces publicités se sont «imprimées dans son subconscient», à une époque où le téléviseur était la seule source de divertissement, ou presque.

Au coeur de cette campagne publicitaire, nulle autre que Naomi Campbell, égérie de la marque dans les années 90, qui porte pour l'occasion le même t-shirt blanc et short en jean qu'elle avait enfilés en 1992 pour une campagne publicitaire. Pour l'accompagner, une toute nouvelle «génération Gap», composée notamment d'enfants de vedettes qui ont posé pour la marque dans les années 90, dont Lizzy Jagger (fille de Jerry Hall), Chelsea Tyler (fille de Steven Tyler) et Rumer Willis (fille de Demi Moore), qui vont même jusqu'à porter les vêtements que leurs parents avaient enfilés à l'époque.

Des figurants issus du street casting se joignent à l'ensemble afin de créer un groupe diversifié et intéressant visuellement, explique le réalisateur. «Le but n'était pas d'avoir les meilleurs danseurs ou chanteurs, mais d'aller chercher de la personnalité, de mettre de l'avant un groupe éclectique et diversifié. J'ai cherché à aller vers quelque chose auquel les gens pouvaient s'identifier, à être dans l'énergie plutôt que la perfection.»

En fin de compte, le court film - dont un extrait de 30 secondes sera diffusé ce soir aux Grammy - fait un beau clin d'oeil aux publicités de l'époque, avec une version chantée a cappella de la pièce All 4 Love de Color Me Badd, qui était au sommet du Billboard en 1992. Mais la touche résolument moderne du réalisateur - qui a travaillé avec deux autres Montréalaises sur le projet, soit la chorégraphe Wynn Holmes et la directrice photo Jessica Lee Gagné - se sent notamment dans l'ouverture «documentaire» du film, en noir et blanc, qui contraste avec le reste du film et dans un mouvement de caméra plus inclusif.

Et elle est comment, Naomi Campbell? «Avec un plateau rassemblant autant de personnalités, il y a un côté imprévisible! Mais une fois la journée de tournage arrivée, c'était incroyable. Il y avait une belle chimie avec Naomi; elle m'a fait confiance et a été très généreuse, elle m'a raconté plein d'histoires... Mais je n'ai pas d'histoires juteuses, désolé!», conclut-il en riant.

https://www.gapcanada.ca/

Retour vers les années 90

Avec cette collection limitée, offerte en ligne et dans certains magasins depuis quelques jours, Gap sort des boules à mites des morceaux iconiques pour hommes et femmes qui ont rendu l'entreprise célèbre dans les années 90, en les proposant en version renouvelée et améliorée. Au programme: veste en jean et en cuir, kakis à plis, combiné culotte-chandail à capuchon, t-shirts ainsi que deux modèles de jean (inversé et coupe confort)... «Le code vestimentaire des années 90 revit un grand moment, a déclaré dans un communiqué Craig Brommers, directeur général du marketing chez Gap. Notre arrière-boutique recèle des pièces qui ont vraiment donné le ton - commercialement et culturellement -, et il me semble juste de les rééditer avec les anecdotes qui les accompagnent. Generation Gap s'est construit autour d'un hommage à nos icônes d'hier et d'aujourd'hui. Au coeur du film repose cette simple vérité selon laquelle on peut puiser dans notre passé et célébrer notre avenir.»

Photo Mathieu Fortin, fournie par Cinélande

Le Montréalais Kevin Calero a réalisé pour Gap le film "Generation Gap", lancé pour souligner la nouvelle collection limitée « réédition des années 90 ».