La circulation automobile et la saleté du centre-ville achalandé de Montréal ne semblent pas être la meilleure source d'inspiration pour un parfum luxueux, mais pas selon Claude-André Hébert.

Pour souligner le 375e anniversaire de la ville, le créateur de parfum lance cinq fragrances, chacune inspirée d'un lieu bien montréalais.

L'une évoque la rue Sainte-Catherine, tandis que d'autres tentent de saisir le côté romantique du Vieux-Montréal, la grandeur des vieilles églises ou l'odeur de gazon du mont Royal.

Comment cerner les effluves d'une ville? M. Hébert croit qu'il faut commencer par une histoire.

«Je commence toujours avec une page blanche et j'écris une histoire, et chaque mot qui compte dans l'histoire devient un ingrédient», a-t-il exposé, derrière le comptoir de sa boutique, rue Saint-Denis.

Pour le bouquet du Vieux-Montréal, M. Hébert dit avoir créé un parfum «vintage», avec des touches de cannelle et de cardamome qui rappellent le velours et la dentelle, les rues poussiéreuses et l'odeur du fleuve Saint-Laurent non loin de là.

Le parfum floral baptisé Métropole incorpore quant à lui des odeurs de tabac et de houblon - un clin d'oeil à la vie nocturne animée. Celui inspiré du mont Royal comprend du pin et une trace de l'encens qui émane de l'oratoire Saint-Joseph.

Âgé de 47 ans, Claude-André Hébert dit avoir lancé sa propre ligne de parfums en 2002, après avoir réalisé que la plupart des autres fabricants se concentrent davantage sur les ingrédients que sur l'inspiration.

«Ils parlent de la note dominante, de la note de base, du patchouli (...) c'est comme une recette», a lancé M. Hébert, qui a déjà travaillé pour des marques telles que Thierry Mugler et Aramis.

«Pour moi, un parfum, c'est beaucoup plus que ça», a-t-il poursuivi.

Il fait venir ses ingrédients d'une entreprise de Grasse, en France. Il les mélange ensuite à de l'alcool de maïs, avec un ratio d'un pour cent d'eau, 20 pour cent d'ingrédients et 80 pour cent d'alcool. Il dit éviter les produits chimiques autant que possible, optant plutôt pour des parfums composés à 95 pour cent d'ingrédients naturels.

Le tout macère pendant un mois avant d'être mis en vente.

Le prix du produit final se chiffre à 185 $ les 100 millilitres - ce qui témoigne du coût des ingrédients et de l'ensemble du processus.

Or ce prix ne semble pas détourner les Canadiens de cet achat de luxe.

Bien que les ventes de parfum au pays ne fassent pas l'objet de statistiques précises, l'industrie du parfum aurait progressé de quatre à cinq pour cent au cours de l'année 2016, selon l'Association canadienne des cosmétiques, produits de toilette et parfums (ACCPTP).

Les fragrances «spécialisées», comme celles de M. Hébert, occupent une petite part du marché, qui est néanmoins en pleine croissance.

M. Hébert soutient que les parfums sont importants puisqu'ils contribuent à créer ou à évoquer des souvenirs, en plus d'aider les gens à se sentir plus attirants ou encore stimulés.

«Si tous vos chakras sont parfaits, vous n'avez probablement pas besoin de parfum, a-t-il ajouté. Mais les parfums sont là quand vous avez besoin d'une petite touche, d'un petit plus.»