Kimonos, socques de bois, ceintures obis... Les créateurs sont allés chercher l'inspiration au Japon, au premier jour de la Fashion Week parisienne, qui devait être marquée dans la soirée par le premier défilé chez Saint Laurent d'Anthony Vaccarello, successeur d'Hedi Slimane.

Au total, 91 défilés programmés sur neuf jours donneront le «la» des tendances du printemps-été prochain.

La tendance de mardi était nippone. Chez Paule Ka, robes et tailleurs stricts et immaculés se ferment comme des kimonos, avec des obis. Des petites robes aux couleurs vives sont plissées comme des origamis. L'intérieur des kimonos inspire des robes fluides aux tons dégradés.

Variations autour du kimono

C'est un voyage au Japon cet été qui a inspiré la directrice artistique Alithia Spuri-Zampetti. «Je me suis dit, on pourrait faire dix collections avec tout ce qu'il y a!» explique la créatrice italo-américaine, qui avait choisi le cadre tropical des grandes serres du Jardin des Plantes pour présenter cette collection.

«J'ai choisi de jouer avec le contraste entre le côté rigide et sculptural, net et pur, et le côté harmonieux et poétique du Japon. Quand on arrive dans le pays on voit l'architecture, beaucoup de monde, un côté carré, l'écriture très stricte. Ensuite on découvre la personnalité des gens, leur gentillesse, dans toutes les maisons il y a un jardin avec des choses poétiques», décrit la styliste.

Dans la végétation luxuriante de la serre, les robes suspendues, aux couleurs éclatantes, ressemblent à des perroquets dans des arbres. Des franges multicolores recouvrent les escarpins, cachant même les talons, et les sacs.

Les franges ont aussi le vent en poupe du côté de la jeune marque Paskal, version coupées au laser et fluorescentes. La jeune créatrice ukrainienne Julie Paskal, 27 ans, dit être allée chercher l'inspiration du côté du peintre allemand Sigmar Polke pour les couleurs. Rose pâle et jaune fluo se mêlent sur une jupe couverte de fines franges dont le mouvement dynamise la silhouette.

Les grosses fronces sont une autre ponctuation de la collection: sur des sandales, sur un bandeau couvrant la poitrine, ou en bordure d'une robe asymétrique.

Broderies mangas

Le Brésilien Francisco Terra, de la jeune marque Neith Neyer, a lui aussi cédé à l'appel du Pays du soleil levant. Dans une collection très cuir et piercing, inspirée du film Fight Club, des écharpes aux inscriptions japonaises se portent sur l'épaule, à la ceinture ou autour du cou. Des broderies aux airs de mangas parsèment les vêtements, réalisés avec une illustratrice japonaise.

L'ambiance était plus apaisée chez Nehera, dont le directeur artistique Samuel Drira a conçu des silhouettes tout en souplesse, drapés et trompe l'oeil. Le kimono est déconstruit, tout comme la veste de tailleur et le trench. Le blanc, le sable et le bleu indigo dominent la palette.

C'est également un voyage au Japon qui a inspiré la Néerlandaise Liselore Frowijn, dans une collection en forme d'«hommage» au bleu de Delft de ses origines. La jeune créatrice a fait le pont entre ces deux cultures en découvrant que le travail sur l'indigo trouvait ses origines sur l'île japonaise de Kyushu, où elle a travaillé les imprimés et la peinture sur soie.

Cette rencontre se traduit par des silhouettes évanescentes, parées de capes, de robes, de tuniques dans des matériaux délicats (soie, satin et organza). Des touches de rouge viennent pimenter cet océan de bleu, qui orne jusqu'aux paupières des mannequins, chaussées de socques de bois.

Comme Neith Neyer, le défilé Aalto regarde du côté des années 90. Son créateur, le Finlandais Tuomas Merikoski, renoue avec les codes du grunge en distillant une touche féminine, comme ce bob porté par les mannequins et agrémenté d'un rang de perles.

Robes-tuniques, tailleurs asymétriques, gros pulls en laine sont portés avec des mules. Des tenues plus festives en velours avec des couleurs électriques apportent une touche «vintage» à l'ensemble.