Le dernier jour des collections de prêt-à-porter pour l'été prochain, à Milan, a mis à l'honneur les valeurs montantes de la mode transalpine, de Lucio Vanotti à Ricostru, ainsi que l'historique maison milanaise Mila Schön, en pleine relance.

En l'absence de Giorgio Armani, qui a défilé vendredi et non plus en clôture de la semaine cette saison, les projecteurs se sont braqués sur les marques émergentes, habituellement boudées par la presse.

«Nous voulons faire de ce dernier jour, consacré aux jeunes, l'un des moments forts de notre fashion week», explique le président de la Chambre de la mode italienne, Carlo Capasa.

La qualité et le haut niveau des collections semblent lui donner raison. À commencer par le travail de Lucio Vanotti. Le créateur, adoubé par Armani qui l'avait invité à défiler dans son théâtre en janvier, prône une mode sans contrainte d'une naturelle élégance avec des vêtements au style minimaliste.

Les mannequins s'avancent en silence, jambes nues, en bottines-chaussettes blanches, dans un décor essentiel, entre les gouttes de pluie, qui crépitent discrètement. Ils serrent sur leur poitrine leur sac-shopping en texture vernie.

Les vêtements sont comme posés en apesanteur sur les corps. Les coupes nettes ne tolèrent pas le superflu. Tout est calibré avec justesse et harmonie: les volumes, les poids, les longueurs, les superpositions.

Une chemise pour homme blanche aux maxi poches se porte en robe, ses manches fendues le long du bras en accentuent l'aspect aérien. La même chemise, cette fois à rayures, se transforme radicalement grâce à l'ajout d'un mini tablier serré à la taille, dont les rayures dans une autre couleur viennent casser le rythme.

Des rubans noués en ceinture ou latéralement, le long d'habits fendus, flottent en légers mouvements. Les vestes aux formes arrondies rappellent les kimonos ou se transforment en cape. Un blouson s'allonge avec douceur jusqu'au-dessus des genoux. Des tops à bretelles en satin ou des tricots en mailles ultra fines se superposent à d'amples pantalons ou à des jupes fluides.

Ricostru «oriental minimal»

La même recherche d'absolu caractérise Ricostru, marque créée par la styliste chinoise Rico Manchit Au, 29 ans, qui défilait pour la première fois à Milan, elle-aussi grâce à Giorgio Armani.

Diplômée de l'Institut Marangoni de cette ville du nord de l'Italie, elle est rentrée en Chine en 2009, dans sa ville natale de Guangzhou (ex-Canton), pour créer sa marque de prêt-à-porter féminin, qui y est conçue et produite.

Elle qualifie son style d'«oriental minimal», mais la touche orientale est à peine suggérée. Les cheveux des mannequins sont noués, par exemple, en une tresse queue de cheval derrière la tête. Un ruban, qui sert de ceinture, retombe jusqu'au sol comme dans les anciennes tenues traditionnelles.

«Je suis fascinée par l'image de la femme chinoise véhiculée à travers les films, qui n'existe pas dans la réalité. C'est cette allure, que j'ai essayé de restituer avec une relecture contemporaine, bien sûr. Il y a dans cette collection aussi une part de mes rêves de jeune étudiante à Milan, il y a dix ans», raconte la styliste.

La collection joue sur les superpositions et les contrastes de matières, entre soie, cuir et métal. Ainsi une veste imperméable s'endosse sur une robe en tulle transparent, un petit top en cuir, sur une robe en satin. Les silhouettes sont allongées, en particulier par d'amples pantalons évasés fendus sur le devant.

Mila Schön propose également une élégance essentielle, tout en mettant l'accent sur la couleur et le célèbre orange Afrique, emblème de la maison. Fondée à Milan en 1958 et détenue depuis 1992 par le groupe japonais Itochu Corporation, la marque a confié il y a deux ans sa direction créative à Alessandro De Benedetti, lui redonnant un coup de jeune.

Cette saison, la collection introduit l'univers sportif dans des mises toujours extrêmement chics et sophistiquées. On y retrouve ainsi une maxi robe parachute vert menthe, des couvre-jambes façon bottes de pêcheur à enfiler sur un pantalon pour une touche excentrique, ou une parka décomposable en une veste et une jupe cocon.

Pour le soir, Mila Schön propose une combinaison avec veste de smoking inclue, composée de quatre soies aux tonalités de bleu différentes.