Le Musée du costume et du textile du Québec annoncera officiellement la semaine prochaine qu'il devient le Musée de la mode de Montréal. Un nom plus représentatif de l'identité de ce petit musée qui veut faire davantage connaître la riche histoire de la mode québécoise.

L'histoire

Tout a commencé il y a 37 ans, à Saint-Lambert, dans la Maison Marsil, une maison ancestrale. À l'époque, l'endroit nommé musée Marsil était davantage un centre d'exposition, qui a commencé tranquillement à monter une collection. Au fil du temps, cette collection permanente se constitue surtout de vêtements de toutes sortes et de toutes époques, fruits de dons, raconte Joanne Watkins, directrice générale. En 1993, le musée redéfinit donc sa vocation en orientant davantage ses expositions vers le costume, le textile et la fibre, puis adopte officiellement le nom de Musée du costume et du textile du Québec en 2006.

Déménagement

Le projet de déménager le musée, pour notamment bénéficier d'un espace plus grand, plus adapté aux expositions et plus accessible, était dans l'air depuis des années. Il était clair pour l'équipe que le musée devait se trouver à Montréal, et plus particulièrement dans le Vieux-Montréal. C'est finalement au Marché Bonsecours - un endroit où se trouvent plusieurs boutiques, en plus d'accueillir la Braderie de la mode deux fois par année - que le musée installe ses pénates, en 2013, bénéficiant ainsi d'une salle de 3000 pi2.

Du textile à la mode

La première exposition présentée dans le nouvel espace, en avril 2013, avait pour titre Tapis rouge : la mode au musée, et présentait des pièces de huit designers québécois ainsi que de la collection permanente. Depuis, la plupart des expositions ont été en lien avec l'univers de la mode. « On s'en va vers une affirmation forte de cette mission : révéler l'histoire de la mode au Québec et ceux qui font la mode au Québec. On veut changer de nom pour que ce soit plus clair, et aussi pour que le milieu devienne un réel partenaire de l'institution », résume Mme Watkins, qui ajoute que le musée ne laisse pas pour autant tomber les arts textiles, comme la broderie ou la dentelle. Ce changement amène aussi toute une gamme de nouvelles possibilités, du stylisme aux maquilleurs et coiffeurs du milieu de la mode.

Devoir de mémoire

Grand passionné d'histoire de la mode québécoise, le designer et enseignant Jean-Claude Poitras est président du conseil d'administration du musée depuis 2014. « Je crois qu'un musée de la mode au Québec s'impose ! Si les Italiens, les Français, les Anglais et même les Américains sont si fiers de leur mode, c'est qu'ils en connaissent l'histoire. Je trouve qu'on a une très belle histoire à raconter au Québec, mais on ne la connaît pas ! Il y a eu des hommes et des femmes tellement importants. Il faut en parler, des Marielle Fleury, Jacques de Montjoye, Michel Robichaud et Léo Chevalier de ce monde ! C'est le devoir de mémoire, mais la mémoire qui inspire », dit celui qui caresse le rêve de tourner un documentaire sur le sujet un jour et qui a mis sur pied une conférence où il raconte six décennies de l'histoire de la mode québécoise, de 1950 à aujourd'hui.

La réserve

Au fil du temps, le musée a accumulé pas moins de 7500 pièces de vêtement dans sa réserve, située dans Griffintown ; certains datent d'il y a longtemps, jusqu'à 1850, même si la plupart sont issues du XXe siècle. Des articles qui proviennent de nombreux donateurs (donateurs privés, institutions, etc.) et qui demandent un énorme travail de triage, de conservation et de classification. Récemment, l'institution a reçu les parures de tête originales créées par Gertrude Néron dans les années 60. Lors de notre passage, le musée en était aussi à classer et numériser des morceaux choisis à partir de pas moins de 5000 pièces d'archives papier - des revues et journaux pour la plupart - tirées de la collection Régor, accumulée par Roger Larose, dit Régor, qui a notamment été dessinateur de haute couture et enseignant.

Exposition en cours

Parcours d'une élégante, l'exposition en cours, connaît un succès tel que le Musée a annoncé à La Presse sa prolongation jusqu'en août. On y retrace le parcours vestimentaire tout en élégance de Beatrice Pearson, une des plus grandes donatrices du musée, qui a offert près de 550 vêtements et accessoires à ce jour. À travers ses pièces d'archives - achetées en boutique de luxe ou de seconde main -, l'exposition, qui compte pas moins de 300 articles, donne à voir une histoire des tendances vestimentaires des dernières décennies. Parmi les pièces à voir, notons les créations de designers internationaux (Thierry Mugler, Jean Paul Gauthier, Comme des garçons), mais aussi québécois (Marie Saint Pierre, Jean-Claude Poitras, Yves Jean Lacasse). Mme Pearson anime elle-même des visites guidées de l'exposition certains dimanches après-midi, suivies d'une dégustation de thé.