Aucun constructeur de moto ne bénéficie d'une image de marque semblable à celle de Harley-Davidson, entretenue notamment par une gamme de vêtements et d'accessoires incomparables dans l'industrie. Mais sa clientèle vieillit et la direction sait qu'elle doit séduire les nouvelles générations. Nous en avons discuté avec Karen Davidson, directrice de la création du service de marchandise générale. Elle est aussi l'arrière-petite-fille de William A. Davidson, cofondateur de la mythique entreprise.

Les constructeurs de motos semblent plus que jamais conscients de la place de la mode dans leurs activités depuis quelques années. Qu'en pensez-vous ?

Certainement. Ça prend de plus en plus de place, l'image de la moto s'est établie au sein du milieu de la mode en général. On voit d'ailleurs plusieurs créateurs qui n'ont rien à voir avec la moto ajouter dans leurs collections des vêtements qui s'inspirent étroitement de la moto. Quant à nous, on ne suit pas la tendance, car on propose des vêtements à nos clients depuis des décennies. C'est une expression de leur style de vie.

Les vêtements et les accessoires sont-ils une façon d'approcher une nouvelle clientèle qui ne fait pas de moto ?

Oui, et c'est très important, car Harley-Davidson possède une image de marque très forte. Elle distille un côté rebelle, mêlé à une réelle authenticité. Les jeunes adultes apprécient notre marque, nos couleurs, nos designs rétro, qu'ils associent à d'autres pièces de vêtements. C'est une façon pour eux d'affirmer leur originalité. D'ailleurs, notre ligne Black Label, qui mise sur l'authenticité, connaît un franc succès auprès des jeunes.

Justement, pensez-vous devoir sortir des sentiers battus pour plaire aux jeunes ?

Les jeunes tiennent à s'identifier à une marque, mais veulent pouvoir le faire en respectant leur individualité. Ils affichent un côté rebelle bien affirmé, ce qui est un clin d'oeil à ce que Harley-Davidson a toujours représenté. Nous proposons donc une plateforme où ils peuvent exprimer leur unicité et leur style. C'est une façon de se rebeller contre les normes établies. On le faisait déjà il y a plusieurs années, les jeunes le font encore, mais différemment.

Et vos efforts semblent porter leurs fruits ?

Ça marche parce que Harley-Davidson est l'une des marques qui bénéficient de la meilleure notoriété auprès des jeunes adultes. Cela en dit long sur notre histoire et sur l'aspiration des gens à s'identifier à Harley-Davidson.

Plusieurs événements entretiennent encore aujourd'hui l'image cliché de Harley-Davidson, où l'on voit parader des femmes sexy vêtues de vêtements clinquants plus ou moins subtils. Croyez-vous que vous pouvez continuer de véhiculer cette image sans rebuter une nouvelle clientèle ?

C'est une partie de ce qu'on est, ça représente une façon radicale d'exprimer un certain sentiment de liberté. Mais c'est aussi une vieille perception qui date d'il y a 30 ans. La plupart des gens qui voient notre logo de nos jours savent qu'au-delà de son magnétisme, il représente une grande diversité de produits.

Plusieurs constructeurs de motocyclettes ont mis beaucoup d'efforts dans leurs stratégies de mise en marché, particulièrement au niveau de leurs gammes de vêtements et d'accessoires. Comment réagissez-vous à cette concurrence ?

On offre des vêtements et des accessoires depuis 1912. C'est d'abord venu de la course, car les amateurs étaient fiers de s'identifier à la marque. Ça n'a jamais cessé de grandir depuis, nous n'avons que répondu à la demande.